Comment rendre la relation parent enfant plus harmonieuse ?

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La relation parent enfant est le coeur de la cellule familiale. Préserver une relation harmonieuse  relève du défi pour beaucoup d’entre nous. Au delà de l’envie, c’est aussi ce qui permet le bon  épanouissement de chacun. Cela aide également le futur adulte à se construire et à, plus tard, contribuer à un monde apaisé. Même si cela ne parait pas simple à préserver au quotidien, il existe pourtant des outils forts. Pour nous aider à mieux comprendre, j’ai rencontré Marjorie Danna, experte en relations parents-enfants et fondatrice de Com & Cit’. Marjorie partage avec beaucoup de générosité et de bienveillance sa connaissance et plein d’exercices pratiques abordables que chaque parent peut mettre en place chez soi ! Dans un prochain article, Marjorie nous parlera de comment favoriser la coopération entre le parent et l’enfant.

Marjorie, peux-tu te présenter ? ton parcours ? comment est née ton envie de développer des actions pour aider la relation parent enfant ?

Marjorie DannaJe suis une maman de 47 ans de trois « grands » jeunes adultes (qui m’ont d’ailleurs bien fait grandir sur leur passage de l’adolescence à adulte !) de 19, 21 et 23 ans. J’ai une licence d’éducation et j’ai été une « maman au foyer » très occupée car très impliquée dans des associations. Les enfants grandissant, j’ai eu le besoin de me réaliser professionnellement. J’ai d’abord travaillé dans des Instituts de Recherche et il y a 10 ans, j’ai vécu un Burn Out.

J’ai alors découvert les Outils Relationnels (qui valent de l’OR) et me suis demandée pourquoi je ne les avais pas découverts plus tôt. Très vite, j’ai eu envie de partager tout ce que cela pouvait apporter et de les transmettre aux enfants, aux parents et aux acteurs éducatifs. Avec pour objectif d’aider la relation parent enfant.

J’ai commencé à créer des Ateliers de Théâtre Relationnel et j’ai continué à me former avec le DUCERH (Diplôme Universitaire de Compétences en Relations Humaines). J’ai créé ma structure Com & Cit’ (pour Communication & Citoyenneté). Mon envie était d’apporter aux enfants une hygiène relationnelle. On apprend aux enfants l’hygiène dentaire par exemple mais rien n’est fait autour de la relation. Les enfants apprennent très vite mais si on n’accompagne pas les parents sur le sujet, il y a un manque, cela ne peut pas vraiment fonctionner.

 

Ton approche n’est pas centrée uniquement sur l’enfant mais également sur le parent. Peux-tu nous en dire plus ?

Jusqu’aux deux ou trois ans de l’enfant, les parents sont très à l’écoute des besoins des enfants. L’enfant ne parle pas donc on fait attention à distinguer le pleur lié à la faim ou au besoin de câlin par exemple.

Mais passé le cap de la marche et des premiers mots, on demande à l’enfant de se déconnecter complètement de ses besoins ! Il entre à l’école et on lui demande de s’assoir et de se taire, sans prendre en compte ses besoins. Autre exemple avec une balade en forêt en famille. Le parent a froid et dit à l’enfant de mettre son blouson sans lui demander si LUI a froid. Car le parent a peur, besoin d’être rassuré que l’enfant ne soit pas malade. Mais insidieusement, le parent dit à l’enfant « je ne fais pas confiance à ce que tu ressens. Moi adulte, je sais mieux que toi ». Et cela amène l’enfant à ne plus se connecter à lui, à ses besoins. Il se dit « je n’ai pas le droit de ressentir autre chose, donc j’ai tort car là c’est mon parent, donc l’autorité, qui me dit que j’ai froid ».

L’idée est de prendre conscience que, même avec amour et bienveillance, c’est la peur du parent qui parle à la place du besoin réel de l’enfant. Il est possible de choisir une autre stratégie et dire cela en « Moi j’ai froid, je suis inquiet du fait que tu es toi aussi froid et tu sais que si tu as froid, ton blouson est là ». On répond alors au besoin des deux côtés, celui du parent (son besoin de se rassurer) et celui de l’enfant (son besoin d’autonomie). On pense souvent que des besoins antinomiques s’opposent alors qu’ils peuvent tout à fait s’apposer.

 

Que sont ces Outils Relationnels dont tu parles ?

 

echarpe relationnelleLes Outils Relationnels sont tout ce qui va nous permettre d’apprendre à se connaitre soi, à connaitre les autres et à comprendre la relation. C’est prendre sa part de responsabilité. Transformer le « Toi contre Moi » quand il y a un problème en le « Toi et Moi » réglons ensemble le problème ». Et quand il n’y a pas de problème, c’est le fait de nourrir encore la relation.

Cette relation parent enfant, Jacques Salomé, psychosociologue, l’appelle l’écharpe relationnelle. Elle aide à prendre conscience de notre responsabilité dans nos relations et nous aide ainsi à mieux nous positionner dans la relation. Il y a trois personnes dans la relation : moi (le parent), l’autre (l’enfant) et la relation. L’écharpe relationnelle nous permet de voir que chacun tient un bout, une extrémité de cette relation.

Chacun est responsable de son bout : le parent est responsable de ce qu’il dit, ce qu’il fait, ce qu’il ressent… et l’enfant est responsable de la même façon de ses mots, de ses actes, de ses émotions… Chacun est donc responsable à 100%  de son bout de la relation.

Pour faire vivre cette relation Parent – enfant, je préconise d’utiliser la Communication Non Violente (CNV) pour prendre soin de l’autre. Je l’appelle d’ailleurs la Communication Nourrissante et Vivante qui me semble encore plus riche.

La CNV, c’est l’art d’exprimer le fait / la situation (c’est factuel, c’est la tête qui parle), l’émotion (le coeur), le besoin (le ventre / les tripes) et la proposition d’action (les pieds). C’est un outil puissant qui permet d’apaiser les relations familiales.

 

Peux tu nous donner ta définition de l’éducation positive et bienveillante ?

La définition actuelle et « médiatique » est très tournée sur les besoins de l’enfant. Il manque pour moi l’aspect d’être bienveillant envers soi-même. C’est trouver un équilibre entre ce qui est écologique pour moi ET pour mon enfant. Et d’abord pour moi !

La critique donnée sur l’éducation positive et bienveillante est de faire un enfant roi. Mais cela se passe justement si on prend en compte uniquement les besoins de l’enfant. Si on prend aussi les besoins du parent dans l’éducation positive et bienveillante, on évite cet écueil. C’est d’autant plus important que les enfants fonctionnent par mimétisme. Etre bienveillant envers soi amènera l’enfant à l’être également envers lui-même et les autres. L’enfant qui voit son parent prendre soin de lui comprendra automatiquement l’importance de faire de même.

C’est aussi d’accueillir toutes les émotions qui sont des signaux, agréables ou désagréables, pour nous dire des choses. Quand c’est une émotion désagréable (une colère par exemple) qui est exprimée par l’enfant, c’est la traduction d’un besoin qui n’est pas nourri. A l’inverse, quand on vit une émotion agréable, c’est que le besoin est nourri. Pour moi, il faut ré-apprendre à se connecter à ses émotions.

Accueillir l’émotion de son enfant ne veut pas dire d’être d’accord ou la comprendre. Parfois, on ne sait pas et c’est OK. Mais pour moi l’essentiel est d’accueillir l’émotion, de la respecter et de ne pas la juger. Et ce n’est pas parce que j’ai accueilli ton émotion que je vais forcément répondre oui à ta demande.

Parfois, quand les parents veulent mettre en place l’éducation positive et bienveillante, c’est pour trouver une baguette magique pour que l’enfant obéisse . Et ce n’est pas ça. L’objectif de cette éducation est que les deux « parties » puissent s’épanouir des deux côtés.

 

Tu insistes beaucoup sur le fait de prendre soin de soi pour le parent : que veux tu dire par là ?

Prendre soin de soi, être bienveillant envers soi, c’est le plus beau cadeau que l’on puisse faire à son enfant. J’ai eu l’occasion d’interviewer des enfants et ils le disent clairement : « Je voudrais que papa et maman prennent plus soin d’eux ». Les enfants sont conscients que quand les parents prennent soin d’eux, ils prennent automatiquement plus soin de leurs enfants.

On a l’impression qu’en tant que parent, nous devons être disponible pour nos enfants 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24. Non ! On doit prendre aussi soin de nous. Par contre, on doit accorder à nos enfants de vrais moments de disponibilité où l’on est vraiment présent. Si on fait cela, l’enfant a son besoin comblé et il arrête de nous solliciter en permanence.

 

La communication est clé pour une relation parent enfant harmonieuse. Quelle est selon toi une « bonne » communication ?

papaLa communication non violente ou comme je l’appelle la Communication Nourrissante et Vivante, est une des clés. C’est lâcher le projet de faire faire quelque chose à l’autre, lâcher le projet du résultat. Et c’est ce qui est le plus dur ! Cela ne veut pas dire qu’en tant que parent je n’ai plus d’exigence, mais plutôt de changer de vision pour essayer de faire se rejoindre les besoins (du parent et de l’enfant). Parfois on ne trouve pas d’option mais on a essayé. Mais souvent cela ouvre le champ des possibles.

Prenons un exemple : Papa ou Maman rentre fatigué après une journée de travail difficile. L’enfant lui revient d’une journée à l’école très excitante et est donc chargé d’émotions. Le parent ne fait pas attention à son besoin de calme. En rentrant, il dit de suite « il y a trop de bruit, éteins ta musique » quand son enfant lui répond « mais moi j’ai envie de danser ! ». Cela parait des besoins très opposés, sans solution. Et pourtant… Le parent peut s’interroger sur son réel besoin qui peut être « un temps tranquille ». Il entame alors un échange avec l’enfant qui lui exprime son besoin de mouvement. Les deux besoins exprimés, quelle option pouvons nous trouver ensemble ? Cela peut être de se faire une balade en forêt (l’enfant bouge mais le calme est là pour le parent), cela peut être que l’enfant mette un casque pour écouter sa musique, cela peut être le parent qui va se poser 15mn dans sa chambre, … Il existe pleins de solutions !

L’autre condition pour une bonne communication dans la relation parent enfant (et en général d’ailleurs !) est d’arrêter de vouloir avoir le pouvoir ou d’avoir raison. Souvent nous sommes dans un combat, si nous n’avons pas le même avis, nous avons pris l’habitude que le fonctionnement soit forcément : l’un a raison et l’autre a tort. Mais non, chacun a le droit d’avoir son avis, sa vérité. Il est alors primordial de remettre les besoins et la responsabilité de chacun au centre de l’échange. Souvent, on attend que l’autre nourrisse nos propres besoins alors que chacun est responsable de ses propres besoins.

 

As-tu des astuces à partager pour favoriser la relation parent-enfant ?

Il s’agit d’abord de créer un climat positif, dans le calme et dans la joie, propice à l’échange. Il convient aussi de créer un cadre où chacun a le droit à l’erreur et à l’essai. Et cela s’applique aussi bien à l’enfant qu’au parent !

Si toute la journée l’enfant entend son papa ou sa maman dire « Oh je suis nul, j’ai encore oublié de faire ça, … », il pense que c’est la norme. Une récente étude démontre qu’en France, on se plaint en moyenne une fois par minute ! Les neurosciences nous apprennent que le fait de se plaindre « abime » les neurones (situés au niveau de l’hippocampe) qui nous aident à trouver des solutions à nos problèmes. Donc plus on se plaint, moins on est en capacité à trouver des solutions à nos problèmes. L’idée est là aussi d’accepter le problème et de se dire factuellement « que puis-je faire avec ce problème ? Quelle solution trouver ? ».

Une autre clé est d’apporter du vrai temps d’attention. Cela ne veut pas dire être disponible immédiatement. On a l’impression que quand notre enfant nous pose une question on doit y répondre de suite. Non ! Il faut là encore écouter ses besoins et parfois remettre à plus tard le moment (sauf bien sur si c’est une urgence !). Vous êtes en train de cuisiner et votre enfant vous sollicite. Si vous estimez que ce n’est pas urgent et que vous n’en avez pas envie (et on a le droit de ne pas avoir envie là de suite de parler !), vous pouvez lui répondre « là je cuisine, je ne suis pas disponible, on se parle tout à l’heure ». Bien sur, il est important d’être cohérent et de ne pas passer ce temps au téléphone avec un(e) ami(e) car l’enfant ne comprendra pas et le prendra contre lui.

Ce temps d’attention n’est pas forcément un temps pour régler des choses. Il peut juste permettre à l’enfant de parler. On peut lui proposer par exemple de faire sa météo ! C’est le faire parler sur comment il se sent, son humeur, ce qu’il a vécu. Et il faut le faire aussi en tant qu’adulte avec l’enfant, cela fonctionne pour les deux ! Car si je demande à mon enfant de dire sa météo et que moi je ne la partage jamais, ce n’est pas compréhensible pour l’enfant. Le parent peut démarrer lui-même l’échange : « A la cantine du boulot ce midi, je me suis régalé !». Et cela va se faire naturellement. Tout en acceptant que certains parents comme certains enfants sont moins dans la discussion que les autres, moins dans le partage car ils y voient moins de sens.

 

Tu accompagnes des parents : les papas ont-ils une approche différente des mamans ? Ont-ils des atouts sur lesquels s’appuyer ?

Dans mes ateliers, je constate que les mamans cherchent plus à comprendre intellectuellement la notion mais peuvent avoir du mal à la mettre en place dans l’action. Probablement car elles sont plus en prise avec la culpabilité et des croyances. Et on apprend encore moins aux femmes à prendre soin d’elles car il y a cette idée que la vocation d’une femme dans la maternité est de prendre soin de l’enfant. C’est un  grand effort pour les mamans de ré-apprendre à prendre soin d’elles.

Pour les papas, il y a moins ce sentiment de culpabilité, il a moins tendance à faire à la place de l’enfant. Et même si c’est plus long pour rentrer dans cet façon de faire, j’ai l’impression que les papas prennent les outils relationnels plus facilement, d’abord pour eux-mêmes et dans leur vie professionnelle, puis pour leurs enfants. Les papas cherchent moins à intellectualiser, ils sont plus vite dans l’action.

Cela montre toute la complémentarité entre le papa et la maman pour amener la famille  vers plus de sérénité. Faites-vous confiance, vous êtes de bon experts ! Soyez bons avec vous, prenez soin de vous, et vos enfants le sentiront. Et faites confiance à vos enfants également ! Connectez-vous à vos besoins, créez un climat où chacun peut exprimer ses émotions et l’harmonie dans la relation parent-enfant va suivre !

 

Actions :

Notre « experte en relation parent enfant» nous inspire plusieurs actions à mettre en place :

  • Prenez soin de vous !  C’est un des messages clés de notre experte, Marjorie Danna. L’enfant fonctionne par mimétisme. En étant bon et bienveillant envers vous, vous le serez envers la relation avec votre enfant et donc envers votre enfant !

 

  • Utilisez la Communication Non Violente: Sans devenir un expert en CNV, vous pouvez trouver tout un tas d’articles ou de livres qui vous donneront les fondamentaux de la CNV. C’est un outil clé qui vous servira aussi bien dans la relation parent enfant que dans vos autres relations (professionnelles ou amicales)

 

  • Utilisez les exercices pour en faire un jeu familial  : Le jeu de la météo est facile et accessible tout en étant fort en terme d’échanges. Vous pouvez aller plus loin en faisant dessiner à chaque membre de la famille sa météo ou un smiley qui décrit son émotion. Il existe aussi la roue des émotions que vous pouvez trouver facilement sur le web par exemple.

 

Et vous ? Avez-vous d’autres exercices ou astuces qui aident à rendre la relation parent-enfant plus harmonieuse à partager ?

Positivons, partageons et commentons ci dessous !

 

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1 commentaire sur « Comment rendre la relation parent enfant plus harmonieuse ? »

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