Etre papa, ça change une vie. Même si cela ne fait pas évoluer en profondeur, cela a forcément un impact. Pour moi qui ai plutôt tendance à vivre les choses intensément, cela a été un véritable bouleversement. Mes jumeaux viennent de passer les 18 mois et j’ai désormais un peu plus de recul pour identifier les transformations que cela a engendré. Et de voir plus loin que le « simple » bonheur d’être papa. Oui après 18 mois, je peux le dire : mes enfants ont vraiment transformé l’homme que je suis. Ils m’ont, en fait, permis de me décentrer pour me recentrer. Ils m’ont permis de ré-inventer ma vie...
Ne plus avoir peur
Sans être quelqu’un qui vivait dans la peur, j’avais au fond de moi, comme beaucoup de gens, tout un tas de peurs. Plus que des peurs (car je suis quelqu’un de très positif et optimiste), je dirais qu’il s’agissait de croyances limitantes, toutes ces pensées ancrées qui nous font dire que « ce n’est pas possible », que l’ « on ne peut pas », qu’ « on ne va pas y arriver », …
Avoir un premier enfant, ça bouscule. Avoir des jumeaux, oui on peut le dire, ça peut faire peur !
Mes jumeaux sont nés prématurés, à 7 mois et demi. BB Boy à 1,8 kg et BB Girl à 1,1Kg. Pas bien gros les deux crevettes. Ils sont restés en couveuse plusieurs jours. BB Boy est sorti de l’hôpital trois semaines après sa naissance, BB Girl deux mois après, … C’est long. Pas facile à gérer au niveau émotionnel, logistique. Elle avait une insuffisance respiratoire et un gros souffle au coeur. Et, cela va avec, une difficulté à s’alimenter et donc à grossir. Durant plusieurs semaines, cela a été une vie au rythme des « bips » des moniteurs de l’hôpital, des rapports chaque matin des Docteurs où l’on fête les petits 20 grammes pris, tout en étant dans une bonne énergie pour elle et pour son frère à la maison.
Quatre mois après sa sortie de l’Hôpital, il a fallu se résoudre à y retourner pour lui faire vivre une opération à coeur ouvert (tout s’est bien passé, elle va très bien). Mais entre les deux séjours à l’hôpital, j’ai changé radicalement d’attitude. Sans que je ne l’appréhende vraiment, leurs naissances et les semaines qui ont suivi m’ont montré que tout était possible. En m’interrogeant, j’ai pris conscience qu’en ayant surmonté les craintes de ces semaines, je n’avais plus peur de rien. Que les situations inextricables à première vue était finalement gérables, que l’on pouvait trouver des solutions. Et que si je pouvais trouver des solutions, alors, cela ne servait plus à rien d’avoir peur !
Et que cela a été bon !! Une véritable libération ! Je me suis senti délesté d’un poids considérable. Je me suis senti absolument libre. Et léger. Et c’est tellement jouissif !! Etre papa, c’est aussi s’affranchir de ses « anciennes » peurs. Ayant pris conscience de ce changement, j’ai essayé d’identifier toutes les peurs pourries que j’avais. Et je me suis dis que je n’avais pas du tout envie de les transmettre à mes enfants, de les handicaper avec ces croyances qui ne viennent même pas de leurs expériences de vies. Et j’ai pris la décision de me débarrasser de (presque) toutes mes peurs !
Créer mon job de rêve
Avec le recul, je me suis aperçu que j’avais entrepris ce chemin vers la « liberté » avant de devenir papa. Quelques mois avant la naissance de mes enfants, j’ai décidé de quitter mon ancien job. Un très bon job, dans une très belle boite, un très bon salaire, une belle position sociale, … mais qui ne m’apportait plus satisfaction. J’ai ressenti une furieuse envie d’aligner le futur papa que j’allais devenir avec l’homme que j’étais. Etre le papa que j’avais envie d’être exigeait de me sentir cohérent avec moi-même. « Quoi ? Tu veux quitter ton job alors que tu vas devenir papa, c’est inconscient, c’est tout sauf le bon moment ». Oui je le veux. Oui je l’ai fait. J’ai négocié mon départ et j’ai décidé de créer mon propre job.
Le job dont j’avais envie devait me donner du temps (pour mes enfants) et du sens. Avoir un impact sur les gens et les entreprises, pour vivre différemment, avec plus de conscience, de bienveillance, d’authenticité, de respect et de plaisir. Je suis consultant en communication et management, j’ai créé le blog www.histoiresdepapas.com, j’ai publié mon premier livre, je suis conférencier, je suis intervenant en Ecoles Supérieurs pour transmettre ce que j’apprend et j’ai appris. Et j’ai co-construit une formation en ligne « Créez le job de vos rêves et la vie qui va avec » pour aider les gens à vivre pleinement leurs envies professionnelles et personnelles.
Beaucoup d’activités certes mais qui me correspondent à 100% et que je peux mener quand je veux, tout en préservant du temps avec mes enfants.
Vivre l’instant et vivre au jour le jour
Etre papa, cela a changé chez moi l’espace temps !! Comme beaucoup de gens de ma génération (j’avais 36 ans à la naissance de mes enfants), j’avais envie de beaucoup de choses. Et vite. Pour y arriver, je projetais, j’imaginais, je montais des plans (plus ou moins réalisables !). Avoir un coup d’avance, passer un WE entre potes tout en pensant à organiser le prochain.
Avec deux enfants en bas âge, je suis rentré dans une sorte de quotidienneté un peu surréaliste pour moi au départ. Pourquoi ? Parce que la réalité d’un jour n’est pas forcément celle du lendemain ! J’organise un chouette gouter avec des amis parents à la maison et hop obligé de l’annuler pour suspicion de varicelle (mes amis sont sympas mais ils protègent leurs enfants !). J’organise un petit atelier motricité avec des pâtes pour mes enfants et hop, ils n’en n’ont pas du tout envie et veulent jouer avec leurs voitures !
Alors passé le moment de la surprise et le nécessaire ajustement, je trouve un profond plaisir à vivre plus sur le moment, au jour le jour. Certes, je n’ai pas vraiment de vision sur mon agenda à plus de 10 jours mais je savoure bien mieux chaque instant. Je le vis plus intensément, plus pleinement.
Et puis, même si c’est d’une banalité affligeante de l’écrire, les enfants grandissent et changent tellement vite… A leur naissance, je pensais que les premiers mois d’un bébé n’étaient pas très intéressants, qu’il ne se passait pas grand chose. Mais que nenni !! Ils nous prennent par surprise et bougent vite les bougres ! Alors autant en profiter avant qu’ils ne quittent la maison pour vivre leurs vies, ça vient vite (OK, c’est vrai, parfois, j’en rêve aussi en secret pour retrouver du temps pour moi !).
Anticiper mais juste sur la journée de demain !
Quand on parle de vivre l’instant, on évoque aussi l’absence d’anticipation. Ce n’est pas non plus tout à fait vrai. Etre papa de jumeaux, c’est ancrer la notion d’anticipation comme règle de survie ! Là aussi, c’est juste l’espace temps qui change. Oui on anticipe, mais juste pour la journée du lendemain. Ca permet de vivre plus sereinement et de ne pas se laisser déborder et ça, c’est précieux.
Ce que j’ai aussi perdu en devenant papa !
Petite pause dans tout ce qu’être papa m’apporte pour aborder tout ce qu’être papa me prend ! Car oui, soyons réalistes, on perd aussi des choses en devant papa. Dans les premiers années, on perd du sommeil ! J’ai abandonné avec une vive émotion mes grasses matinées du WE (et je leur ai donné rendez-vous dans 5 ans ! Oui j’y crois !).
J’ai aussi quasiment perdu toute notion de temps pour moi. Enfin, cela peut arriver mais c’est rare. Heureusement, grâce à mon apprentissage de « vivre l’instant », quand un créneau se libère pour un rendez-vous avec moi-même , même si c’est juste 30 mn, je kiffe. Ou je dors !
Je ne vais pas dire que j’ai abandonné le sport en devenant papa car c’est quelque chose que je n’ai jamais vraiment pratiqué (et encore que les balades en poussette représentent surement plus de sport que je n’ai pu en faire jusqu’alors !) ! Mais j’ai dis adieu ou beaucoup restreint les voyages que j’aime tant, les moments de lecture, les WE avec les potes, les soirées sans se soucier de l’heure qu’il est (et donc du nombre d’heures restant à dormir), … Ca va revenir, c’est certain. Mais quand ?!
Lâcher prise pour se concentrer sur l’essentiel
Cette petite parenthèse étant ouverte puis fermée, revenons sur tout ce qu’être papa m’a apporté. Sans être dans le contrôle absolu, j’étais plutôt dans un besoin de maîtrise. Hors, avec des enfants, il est, à mon sens, primordial d’accepter que les choses puissent nous échapper. Pourquoi BB Girl a commencé à marcher puis ne le fait plus depuis des jours. Pourquoi BB Boy adore jouer seul puis d’un seul coup s’agace après deux minutes de jeu seul?
Chercher une réponse à tout, c’est entrer dans une course sans fin et dérisoire. On ne peut pas tout comprendre, on ne peut pas tout maitriser. Accepter que les enfants sont des petits êtres vivants et en construction (et donc pas forcément cohérents. Mais le sommes-nous toujours une fois adulte ?) est le bouclier en béton armé de chaque parent.
Une fois ce concept compris et intégré, pourquoi ne pas en faire une espèce de règle de vie ? Etre papa m’a permis d’apprendre le lâcher prise (même si ce n’est pas encore gagné tous les jours !) et du coup à être focus sur ce qui est vraiment important. OK, BB Girl a un peu moins mangé ce midi, mais est-ce si grave ? OK, c’était la soirée trimestrielle en amoureux et BB Boy a décidé d’être malade, tant pis ! Etre papa m’a appris à relativiser. Dans mon rôle de père mais aussi dans tous les autres aspects de ma vie, que ce soit le boulot, le couple, la famille ou les amis. Car au final, cette petite contrariété momentanée n’est pas si forte et je sais que je peux la dépasser. Et l’essentiel n’est pas là…
Chercher l’harmonie et la sérénité
Après les premières semaines mouvementées de la naissance de mes jumeaux, j’ai ressenti un besoin très fort d’harmonie et de calme autour de moi. C’est justement ce qui m’a permis d’aller à l’essentiel. Et pour cela, j’ai essayé de mettre au loin tout ce qui est superflu, pas vraiment important.
Cette quête de sérénité n’est pas, à la base, un besoin naturel pour moi. Avant d’être papa, j’étais surtout dans l’énergie ! Je le suis toujours mais elle est plus canalisée. Cette recherche d’harmonie je la travaille aujourd’hui dans tous les pans de ma vie. Au sein de ma famille en priorité mais aussi avec mes relations professionnelles ou amicales. Quand je ressens que cela ne répond pas à ce besoin, je mets un peu de distance (temporaire ou définitive) pour préserver ce qui fait le coeur léger…
Efficacité
Etre papa, c’est, je l’ai dit plus haut, revoir sa notion du temps. Mais alors comment faire si on a l’ambition de concilier temps pour ses enfants et temps pour son job de rêve ? Il doit bien y avoir un tour de magie ! En fait non. Il se passe un truc très bizarre. On devient juste plus efficace !
Comme dit plus haut, on lâche prise et on se concentre sur l’essentiel. Mine de rien, cela nous fait gagner beaucoup de temps ! Et finalement, ce gain d’efficacité est assez naturel me semble-t-il. Beaucoup de papas qui me racontent leurs histoires pour mon blog relatent cette nouvelle qualité arrivée en même temps que la naissance de leurs enfants. Alors du coup, c’est un peu de la magie non ?!?
Repousser les limites de la fatigue !
Je suis presque obligé par terminer par ce point ! Etre papa te donne un super pouvoir : tu résistes à la fatigue ! Alors bien sur, tu résistes mais les cernes et les rides se creusent.
Aujourd’hui, comme je me sens fatigué presque tous les jours, cela devient un nouvel état naturel et presque je ne m’en rends plus vraiment compte ! Alors oui, bien sur, il m’arrive de compter les jours qui séparent le prochain séjour de mes enfants chez les grands parents et où je vais enfin pouvoir dormir. Mais tout de même, cette résistance à la fatigue, c’est un super pouvoir donné aux parents par les enfants ! Et décider de l’accepter, c’est presque ne plus y penser.
Alors voilà comment, 18 mois après, je me sens un nouvel homme. Un homme heureux. Pas complètement différent, mais plutôt une nouvelle version avec laquelle je me sens vraiment très bien, une version 2.0. Plus vrai, plus authentique, plus libre. Etre papa a été pour moi une sorte de renaissance. Et je sais que c’est le cas pour beaucoup de papas….
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