Devenir parent est une des plus grandes aventures de la vie ! Et tout au long de ce grand chemin, nous sommes traversés par des émotions fortes. Des moments de joie bien sur. Mais aussi de nombreux moments de colère, de fatigue, de tension, de petits et grands problèmes. Et forcément, on culpabilise. De ne pas être assez ça ou d’être trop ci… Et si le problème ne venait pas de nous ? Et si nous pouvions devenir des parents heureux ?
C’est exactement ce que défend Charlotte Ducharme dans son nouveau livre « Des casseroles, des parents et des étoiles ». Pour Charlotte, une casserole est une croyance que l’on se traine au quotidien et qui nous gêne. Et qui nous empêche d’être pleinement heureux. Mais point de fatalisme avec Charlotte, éternelle positive ! Dans son livre, elle nous partage ses réflexions, des anecdotes et des astuces pour nous aider à tendre à être des parents heureux. Après l’énorme succès de son 1er livre, Charlotte nous partage de nouvelles clés dans ce livre à mettre entre les mains de tous les parents. Interview.
Charlotte, peux tu te présenter ?
Je suis maman de 3 enfants de 3, 8 et 10 ans. En 2017, je publie mon premier livre « Cool Parents Make Happy Kids » (NDRL : qui est devenu un best seller, traduit en 5 langues).
Je suis coach et suite au succès de mon livre, j’ai créé mon entreprise. Mon objectif est de démocratiser ce que l’on appelle l’éducation positive et d’accompagner les parents à vivre pleinement leur vie (avec leurs enfants, au sein du couple et dans leur vie au global). Dans Cool Parents Make Happy Kids, nous créons du contenu aidant et proposons des coachings.
Et enfin, je suis auteur. Je viens de publier mon 2eme livre et je suis là actuellement en pleine écriture du 3eme !
Pourquoi avoir attendu si longtemps pour publier un 2eme livre après le succès du 1er ?
J’ai consacré beaucoup d’énergie et de temps à développer Cool Parents Make Happy Kids. Je voulais proposer des solutions accessibles, ludiques et efficaces. Avec l’appli Cool Parents, c’est ce que j’ai réussi à proposer.
Je crois beaucoup en l’accompagnement. Notre vie est faite pour évoluer, être dans le plaisir et dans la joie de vivre. Et plus nous évoluons, plus nous contribuons aux autres. Pourtant, beaucoup de personnes sont en souffrance. Et pour moi, l’accompagnement permet justement de se libérer des injonctions, du regard des autres.
Mon nouveau livre « Des casseroles, des parents et des étoiles » est une extension des coaching que l’on propose. Et peut aussi être complété par nos coaching pour aller encore plus loin.
Rentrons dans le vif du sujet : quel est l’objectif de ton nouveau livre ?
Nous avons tous des grosses casseroles que l’on partage et qui nous empêchent d’être des parents heureux et d’avoir de bonnes relations. Apprendre à gérer sa propre colère, se détacher de la colère des autres, accepter ses parents, moins juger,… sont autant d’exemples de casseroles ou de conséquences de nos casseroles. Nous pouvons apprendre à considérer que la vie est une fête !
Mon livre permet à chacun de se retrouver dans les problème du quotidien pour s’en libérer progressivement.
C’est quoi une casserole pour toi ?
Une casserole c’est quelque chose que l’on se trimballe dans le quotidien et qui nous gêne. Ce sont des croyances et des injonctions sociétales qui définissent ce qui est « bien » ou « mal ». Ce qu’il faut faire ou ne pas faire. Et ces casseroles nous empêchent finalement de faire ce qui nous semble juste pour nous.
Souvent, intrinsèquement, nous ne sommes pas en accord avec certaines de nos situations de vie. Se libérer de nos casseroles, c’est se libérer de certaines colères et de nos vies qui ne nous ressemblent pas.
Par exemple, si nous prenons ces deux injonctions classiques : « Il faut que mon enfant me respecte » et « c’est bien d’être généreux ». Finalement, ce sont des généralités, des règles. Il est intéressant de les interroger pour s’en défaire et être plus proche de soi et de ses ressentis.
Et comment elles se matérialisent dans notre quotidien ?
Dans notre quotidien, nous pouvons essayer de conscientiser nos émotions négatives (peur, angoisse, colère, …). Il y a fort à parier que se cachent des casseroles derrière ces émotions. Et c’est une chouette alerte ! Cela nous aide à comprendre que nous avons des points à régler.
Par exemple, nous sommes nombreux à penser « qu’il faut travailler beaucoup pour être reconnu ». C’est une croyance ! Et elle peut engendrer de la frustration, de la colère, de la fatigue, …
Toutes ces émotions désagréables, nous pouvons essayer de les comprendre. Et d’ailleurs, elles sont parfois le résultat d’une mauvaise interprétation des paroles de l’autre…
Pourquoi les parents ont plus de difficultés à être des parents heureux à notre époque ?
De manière générale, nous avons un niveau de conscience plus élevé. Avant, nous étions en mode robot ! Aujourd’hui, on s’interroge et c’est constructif. On veut que nos enfants soient heureux.
Et puis avant, il existait une répartition famille / travail au sein du couple. Aujourd’hui, les deux membres du couple travaillent. Et pour autant, nous n’avons pas changé le modèle (en vivant en communauté, par exemple, pour se partager les tâches). Le temps n’est pas extensible alors forcément, on court après et cela crée des tensions.
Comment mettre à distance les injonctions ?
Il y a tellement d’injonctions… Par exemple, le « Il faut passer du temps avec son enfant ». Cela peut être très culpabilisant. Et cela nous empêche de penser sur ses véritables envies.
Je conseille de se poser ces deux questions : qu’est ce qui m’enthousiasme ? Ce que je fais là, je le fais par peur (peur de mal faire ou parce que je m’en sens obligé) ou je le fais par coeur ?
Plus nous sommes sur le choix du coeur, mieux nous sommes des parents heureux, on vibre. Et si nous sommes mieux, notre enfant sera aussi plus heureux. Et les situations seront plus faciles…
L’idée est de faire des choix enthousiasmants plutôt que guidés par les « Il faut que ». Prenons un exemple. J’ai échangé avec beaucoup de mamans qui disent être épuisées et qui ne travaillent pas le mercredi pour être avec leurs enfants. Quand je leur demande « Pourquoi prends-tu ton mercredi ? », elles répondent « car c’est mon choix, je suis contente ». Et en creusant, on comprend que parfois ce n’est pas un vrai choix. C’est un choix guidé par le tableau de ce que l’on attend d’une mère. Ce n’est pas la réalité. On se ment à soi même, sans prendre conscience que c’est l’injonction sociétale qui nous guide…
Nous sommes responsables de nos pensées et actions : comment ne pas culpabiliser si on n’y arrive pas ? Comment ne pas ressentir un sentiment de frustration ou d’échec ?
Je pense que tous les comportements poussés par la peur et la colère sont, à l’origine, des pensées héritées par la société ou la famille. Ce sont ces fameuses casseroles.
Nous avons tous, plus ou moins, des casseroles. Et nous avons la vie pour nous en débarrasser ! Plus nous y arrivons, plus nous nous allégeons (socialement parlant). A mon sens, il n’y a pas de culpabilité à avoir. Ce n’est pas nous qui avons créé ces casseroles !
Nous pouvons prendre du recul sur ces casseroles et y mettre de l’énergie pour s’en défaire. Par exemple si nous sommes souvent fatigués et irritables à la maison, nous pouvons faire le choix d’être convaincu qu’on peut évoluer. Car non, ce n’est pas normal d’être irritable en permanence ! Et alors de transformer cette prise de conscience en action, en se faisant accompagner par exemple.
J’ai beaucoup aimé quand tu parles de la prise en compte de l’intention de l’autre (= comprendre pourquoi l’autre réagit ainsi) : pouvons-nous poser la question à l’autre, pour limiter l’interprétation ?
Parfois, quand nous sommes dans un conflit, nous ne voulons pas savoir ce qu’il se passe. Pourtant si, c’est intéressant !! Cela permet de comprendre. Nous avons tous des façons de penser différentes. C’est utile de passer en mode « j’aimerai comprendre ce qu’il se passe ».
Et parfois, nous devons accepter que l’autre soit dans son brouillard. Parfois, nous devons accepter de lâcher aussi. Au moins sur l’instant. Pour y revenir quand la colère sera passée.
Donc oui, posons les questions à l’autre ! Et choisissons le bon moment. Posons les questions pas sur les moments de colère mais quand l’émotion est plus sereine.
Tu parles de la force de la boussole intérieure (= l’instinct) pour sortir de la notion de bien/mal ? Comment s’y connecter ?
Nous pouvons nous poser la question sur ce que l’on fait et si nous le faisons par coeur ou par peur. Cela donne des clés puissantes.
Une autre astuce réside à « se scanner » plusieurs fois dans nos journées. Quand nous sommes seul.e dans un ascenseur ou dans les toilettes, se demander comment on se sent. Qu’est ce qui m’enthousiaste ? Et qu’est ce qui est « neutre » ? Et enfin, qu’est ce qui m’agace ? Et plus nous le faisons, plus notre ressenti est précis et clair. On peut alors ajuster, faire des choix et moins subir.
Nous sommes beaucoup à nous mentir. C’est essentiel de se demander si l’on se sent dans la joie ou si nous nous sentons agacé. Cela nous aide à mieux piloter nos vies.
Dans notre quotidien de foufou, comment garder du plaisir dans la famille ?
Nous pouvons commencer à alléger nos contraintes qui sont beaucoup trop nombreuses ! Nous pouvons choisir de faire le ménage 2h tous les 10 jours et pas 6 heures par semaine. Il est possible de choisir de décider de ne pas donner une douche ou un bain à nos enfants. Pareil sur les repas : ce n’est pas si grave si nous sortons une pizza du congélateur un soir !
Nous pouvons changer nos priorités pour passer du bon temps en famille. Et cela aide à être des parents heureux ! Nous pouvons choisir de s’amuser un peu plus ! Aujourd’hui, nous sommes plus reconnus et valorisés si nous galérons (dans nos boulots ou dans notre vie perso -enfants, couple, …). Si nous nous amusons, c’est mal perçu. C’est la même chose dans le couple. Si tu te bats pour pour ton couple, c’est valorisé. Mais c’est mal perçu si tu es « in love », sur ton nuage… Nous ne sommes pas obligés de nous infliger des contraintes.
Un mot plus spécifiquement pour les papas ?
Aujourd’hui, il existe des casseroles genrées. Pour le papa, il existe la croyance sociétale que la mère sait mieux faire, car elle possède le fameux instinct maternel. C’est faux ! C’est une croyance, pas un fait. Les mères ne sont pas plus aptes à éduquer et à aimer. Et cette croyance s’installe dès la grossesse. Il y a plein de RDV médicaux, les pères en sont souvent exclus. C’est le début de la charge mentale…
Plus on s’investit, plus on sait s’y prendre. Le congé paternité est d’ailleurs une très bonne solution pour les papas pour justement s’investir et prendre leur place. Les pères doivent être convaincus qu’ils peuvent gérer !
Un mot pour terminer ?
Nous n’avons pas à tolérer des relations médiocres avec ses proches. C’est du gâchis. Nous sommes tous capable de mieux.
Vraiment, nous sommes de belles personnes et cela vaut vraiment le coup d’oeuvrer pour offrir aux autres ce que l’on est pleinement. Nous pouvons vraiment être des parents heureux !
Et vous ? Avez vous des astuces à partager pour aider à devenir des parents heureux ?
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