Le Danemark est, selon plusieurs études, le pays le plus heureux du monde. Et ceci depuis plusieurs générations ! Il y aurait donc une recette du bonheur ? Malene Rydahl, danoise vivant en France depuis plus de 20 ans, a décrypté ce phénomène dans son livre inspirant « Heureux comme un danois » qui a reçu le prix du livre optimiste. Elle y relève 10 piliers, 10 clés du bonheur. Et si nous pouvions adapter dans notre éducation les 10 clés du bonheur danois pour nos enfants ?
1 – Je ne crains pas mon prochain (confiance)
78% des danois font confiance à leur entourage… Et c’est un record mondial ! Et cela se traduit dans le quotidien. A l’opéra, les danois laissent leurs manteaux dans un vestiaire non surveillé. Dans les campagnes, on trouve des stands de fruits et légumes le long de la route avec un petit pot pour laisser l’argent… sans que personne ne soit présent pour contrôler !
Avec nos enfants
Tous les pays ne sont pas encore à ce stade de confiance. Pour autant et sans tomber dans la naïveté, il est possible d’inculquer cette notion à nos enfants, dès petits. Et ainsi contribuer à créer plus de confiance au sein de la société.
Pour ma part, je suis persuadé que le fond de la très grande majorité des Hommes est bon. Et c’est pour moi le postulat de base de la confiance. Penser à priori que la personne avec qui on échange est digne de confiance.
Les enfants « copient » nos comportements. C’est donc à nous, papa/maman, d’adopter une posture d’ouverture avec les gens que l’on rencontre et que l’on connait. Ne pas se dire qu’il y a un danger avec cette personne ou ce lieu, ne pas exprimer une peur verbalement et/ou physiquement devant nos enfants. En nous observant, nos enfants vont reproduire cette attitude. Et ainsi adopter une posture de confiance envers le monde.
2 – J’ai une place dans la société (l’éducation)
Le système éducatif danois est fondé sur l’autonomie, la stimulation de la curiosité et du jugement, sur la responsabilité. On y prône donc l’expérimentation par soi-même plutôt que le « par coeur ». L’importance est portée sur le développement de la personnalité, le fait de bien se connaître pour se construire un avenir en parfait alignement avec qui on est.
Par ailleurs, le niveau est adapté au plus grand nombre, sans recherche de la performance à tout prix, sans course à l’élitisme.
Avec nos enfants
L’émergence des neurosciences va dans ce sens. Le cerveau apprend mieux quand il apprend par lui-même. Au delà de la meilleure connaissance de soi, cette approche permet de développer des compétences clés dans le monde de demain : la créativité, la capacité d’interaction, l’initiative.
Le principe n’est pas forcément évident à appliquer quand nous sommes dans un système éducatif très normé où règnent le par coeur, le résultat, la notation, …
Pour autant, nous avons tous le choix de faire différemment. Dès la petite enfance, puis plus tard dans l’enfance, on peut apprendre à nos enfants à se questionner (pour mieux se connaître). Cela passe par un dialogue parent/enfant régulier, où le parent pose les questions à l’enfant plutôt que d’affirmer et de décider pour lui ce qu’il ressent, ce qu’il est.
Il s’agit aussi de ne pas mettre une pression trop forte (même si l’équilibre n’est pas toujours évident à trouver) sur l’enfant. Le pousser à l’épanouissement plutôt qu’à être le meilleur. Lui apprendre à faire de son mieux, à essayer par lui même.
3 – Je suis libre de trouver mon chemin (la liberté/ l’autonomie personnelle)
70% des danois de 13 à 17 ans ont un petit job à côté de leurs études. La motivation de ces jeunes est de gagner un peu d’argent pour être autonome dans leurs loisirs. Près de 70% des danois quittent le foyer familial à 18 ans. L’Etat encourage cette recherche d’autonomie en octroyant une bourse de 760 € à tous les danois en études supérieures (sans condition de ressources). Ces démarches vont dans le même sens : favoriser l’émancipation, l’affirmation de la personnalité dès le plus jeune âge pour permettre l’épanouissement du futur adulte.
Avec nos enfants
Cette recherche d’autonomie et de chemin vers la liberté peut s’apprendre très tôt. En prenant soin de proposer des activités adaptées à l’âge de l’enfant. Dès 3 ans, on peut par exemple apprendre à ses enfants à choisir ses vêtements pour le lendemain (on lui montre la météo du jour suivant, puis on lui propose le choix entre deux tenues dans un premier temps, puis un total libre choix ensuite). On peut aussi faire participer nos enfants à la vie quotidienne de la maison : débarrasser la table, mettre les assiettes et couverts dans le lave vaisselle, …
Plus tard, on peut leur proposer des petits jobs rémunérés : tondre la pelouse (et celles des voisins !), laver la voiture (et celles des voisins !), monter un petit stand de limonade ou de gâteaux dans le quartier, créer des bijoux et les vendre dans un vide grenier, participer à une bourse aux jouets pour vendre ses anciens jouets, …. Autant d’activités qui sont de petits cailloux vers l’autonomie et la responsabilité !
4 – Je peux devenir qui je veux (l’égalité des chances)
Le système social et fiscal danois est fortement rétributif et pousse à créer une société égalitaire. L’école gratuite et aidée y participe aussi grandement. Mais plus qu’une volonté d’ascension sociale (ce n’est pas la course à s’élever et à gagner des millions), le système danois encourage surtout la possibilité de vivre librement, « différemment s’il le faut de ceux qui nous ont précédés ».
Avec nos enfants
L’idée là est d’être avec nos enfants dans une posture d’ouverture totale. Et d’éviter de projeter nos propres envies. Ce n’est pas parce qu’on est médecin que l’on doit pousser nos enfants à devenir médecin. J’ai rencontré un jour un papa, peintre, qui venait sur le chantier avec son fils de 5 ans pour « lui apprendre le métier »… Et si on laissait à nos enfants le choix de faire le métier qu’il souhaite ? Et si notre job de parent était plutôt de lui ouvrir les champs des possibles.Utilisez votre réseau pour que vos enfants puissent parler avec des gens qui font des métiers différents du votre. Voire qu’ils puissent passer un rapide moment avec eux. Sur Internet, on trouve aussi plein de vidéos sur tous les métiers du monde. La vraie égalité de chances, c’est se dire (et montrer) que rien n’est tout à fait impossible…
5 – J’ai des rêves réalistes (des attentes réalistes)
Sens des réalités et simplicité sont des valeurs fortes pour les danois. Ainsi, ils ne cherchent pas à être les meilleurs, à gagner ou à briller en société. Et si réussite il y a, le plaisir en est alors d’autant plus intense. Mais comme dit Malene Rydahl, l’auteure de « Heureux comme un danois », : « être réaliste ne veut pas dire ne pas avoir de rêves ou d’idéaux. Le réalisme, c’est savourer l’ascension, reconnaître et accepter les obstacles sur le chemin ».
Avec nos enfants
La volonté systématique d’être le meilleur amène indéniablement à la déception. Car le « meilleur » n’est finalement que rarement à la hauteur des attentes. Et pour autant, il ne s’agit pas de faire disparaître toute trace d’ambition. Il y a une expression que j’aime beaucoup et que j’utilise souvent : avoir les pieds sur terre et la tête dans les étoiles.
Une des façons de sortir du schéma classique est d’aider nos enfants à formuler (puis écrire, cela ancre les choses plus fortement) des objectifs clairs et réalistes. Et comme toujours en posant des questions (« as tu le temps pour y arriver ? Quels moyens pouvons-nous nous trouver pour avancer pas-à-pas ? …). Il est important, à mon sens, d’encourager les rêves et envies des enfants. Mais c’est aussi un piège que de leur laisser croire qu’il n’y aura pas d’obstacles, que c’est « magique ».
6 – Je vais mieux si tu vas bien (le respect de l’autre / la solidarité)
La pression fiscale a beau être la plus élevée du monde au Danemark, près de 70% des danois pensent que le niveau d’imposition est juste. Car pour les danois, il est juste de s’entre-aider. Il en est de même de l’attitude vis à vis des « minorités » : les homosexuels ont, par exemple, droit au « pacs » depuis 1989 et à l’adoption depuis 2010. A partir du moment où chacun accepte les règles, les danois sont heureux dans le partage, le respect (on ne traverse pas en dehors des passages piétons ou au feu rouge!) et la grande solidarité.
Avec nos enfants
Au delà des règles de politesse et de bien vivre ensemble (essentielles… et pourtant parfois oubliées !), faire comprendre la notion de solidarité et de respect de l’autre avec les enfants se fait dans des tas de petites actions au quotidien :prêter ses jouets à un copain ou à son frère/soeur, laisser sa place dans un bus à une personne âgée, donner une pièce à un artiste de rue, partager son goûter avec un copain d’école qui a oublié le sien, …. Et n’oublions pas que tout commence par nous les parents. Tâchons d’être exemplaires en la matière et cela deviendra une « norme » pour nos enfants !
7 – Je veux plein de moments de « Hygge » (l’équilibre famille / travail)
Le hygge est une institution au Danemark ! Il s’agit d’un moment chaleureux partagé avec ses proches (famille ou amis). Et l’équilibre pro/perso n’est même pas un sujet pour les danois, c’est leur façon de vivre. Ils quittent le travail à 17h (et c’est mal vu de partir plus tard). Ce sont souvent les papas qui vont récupérer les enfants à l’école. 17% de la population est en télétravail, peu de temps est passé dans les transports… Tout est fait pour que les familles passent le plus de temps ensemble.
Avec nos enfants
Il n’est pas compliqué de créer des moments de « Hygge » en famille. Quelques bougies, un peu de musique (douce ou dansante en fonction du thème !), un jeux de carte ou de société, un repas (encore mieux si c’est un repas partagé type raclette ou crêpes !) ou un goûter (et simple, le principe du Hygge est d’être convivial, surtout pas luxueux) et vous avez votre moment ! Il n’est pas forcément facile de le ritualiser (tous les vendredis soirs, pour fêter le début du WE) mais fixez-vous (objectif réalisable ) d’avoir au moins deux moments hygge tous ensemble par mois…. ET vous trouverez ça tellement sympa que vous passerez rapidement à trois ou quatre par mois !
Pour l’équilibre famille / travail, voilà un petit exercice pour vous aider à optimiser votre temps
8 – J’ai besoin de quoi de plus ? (relation à l’argent)
Le fait de posséder beaucoup d’argent n’est pas un objectif de vie pour les danois. Et si jamais richesse il y a, elle se doit d’être le moins ostentatoire possible. L’argent étant souvent un baromètre de positionnement social, ne pas y être attaché amène les danois à ne pas se comparer entre eux. Et les comparaisons sont souvent le chemin vers la frustration…
Avec nos enfants
Cela peut commencer dès la fameuse tirelire où nos enfants y mettent leurs petits sous glanés ci et là. Pour éviter que la tirelire ne devienne vite un symbole (et une quête) d’accumulation et de course pour en avoir toujours plus, on peut expliquer qu’elle permet d‘offrir (à soi ou à la famille) un petit cadeau ou un petit moment (tour de manège, visite au zoo, …). Cela permet d’expliquer que l’argent est plus un moyen qu’une fin en soi.
De même sur le fait d’avoir (ou de ne pas avoir en comparaison avec un copain) un vélo ou un « beau » jouet. Lui expliquer que chacun a des choses différentes mais que le fait d’avoir ne « définit» pas la personne (Tom, un papa inspirant dont vous pouvez retrouver l’article ici, incarne très bien cette notion avec ses enfants )
9 – Je ne me prends pas pour un être supérieur (la modestie)
La modestie va avec la simplicité et le principe de solidarité des danois. La société valorise le succès collectif plus que l’individuel. Plusieurs spécialistes montrent d’ailleurs les bénéfices de la modestie individuelle dans une société. Pour un danois, ce qui compte n’est pas de gagner mais de participer.
Avec nos enfants
Passé la période « narcissique » nécessaire à la construction de l’enfant, on peut lui faire comprendre la notion de modestie via ses interactions en groupe. Que ce soit au sein de la famille, de l’école ou des activités extra-scolaires, les parents ont à disposition beaucoup de moments pour faire passer ce message clé. Oui il a eu une bonne note sur tel devoir mais ce n’est pas forcément le meilleur : il a bien travaillé avec le (la) maître/maitresse qui lui a appris les notions et il a bien utilisé son talent sur ce sujet. Oui elle a gagné ce match de foot et a marqué le but décisif mais ce n’est pas forcément la meilleure : c’est un travail d’équipe avec l’entraineur et les camarades, … et ainsi de suite.
10 – Je me sens libre de choisir mon rôle (l’égalité femmes/hommes)
Chez les danois, il n’y a ni tabous ou stéréotypes. Chacun peut exprimer ses envies, ses émotions, son rôle sans jugement des autres ou sans case prédéfinie. Et ceci dès tout petit. Et cela contribue à une égalité femme/homme très forte dès l’enfance… qui se poursuit tout au long de la vie d’adulte. D’ailleurs, le congé maternité est au Danemark un congé parentalité. Une grande partie des 52 semaines se partagent, comme chacun le souhaite, entre la maman et le papa.
Avec nos enfants
Dans la répartition des tâches au sein du foyer, il est intéressant d’essayer de tendre vers un équilibre parfait pour nos enfants ! Dans le quotidien, la petite fille peut aider à laver la voiture et le petit garçon à préparer les repas et faire la vaisselle !
De même pour les jeux : la fille peut jouer aux voitures, seule ou avec son frère et ses copains et le garçon avec les poupées. Ce ne sont là que de petits pas mais qui sont fondamentaux et structurant pour leur vie d’adulte… et qui peuvent contribuer à une société plus harmonieuse.
A y regarder de près, la recette du bonheur danois n’est pas si compliquée…. Alors, on s’y met dès aujourd’hui au bonheur danois pour nos enfants ?
Positivons, partageons et commentons ci dessous !
Vous pouvez acheter le livre « Heureux comme un danois » en cliquant sur le lien ci dessous :