En quelques années, l’écologie est devenue un sujet central de nos vies. La prise de conscience est bien présente. Et pour autant, ce n’est pas si évident de modifier nos pratiques du quotidien, celles que nous connaissons depuis si longtemps. Pourtant, tous les experts du sujet le disent, il y a urgence ! Et si nos enfants sont nés avec cette conscience, il est tout de même nécessaire de les accompagner sur le sujet. Et comment faire pour que cela ne soit pas anxiogène et stressant pour eux ?
Pour nous aider à y voir plus clair, je suis allé interviewer Arthur Auboeuf. J’ai rencontré Arthur lors de mon TedX de Septembre dernier, où il était également speaker (je vous invite à visionner son Talk très inspirant ici ). Et j’ai eu un vrai coup de coeur, qui ne se dément pas avec le temps. Arthur est d’une gentillesse incroyable, curieux de tout, très pertinent dans ses propos et très engagé sur le sujet de l’écologie. Il est l’un des co-fondateurs de Time For The Planet, entreprise citoyenne (chacun.e peut en être actionnaire), qui vise à créer des entreprises innovantes à impact positif pour la planète face à l’urgence climatique. Notre moment d’échange devait se tenir sur 45 mn. Au bout de 2h, on s’est quitté avec pourtant l’envie de parler encore et encore ! Cette 1ere partie d’interview est dédié à comment sensibiliser les enfants à l’écologie. Et dans la 2eme partie, on échangera sur le rôle concret des parents sur le sujet.
Arthur, comment est né ton engagement sur l’écologie ?
J’ai toujours été en contact avec la nature. C’est ma raison d’être. J’ai vu le Jura, où je suis le plus souvent de mon temps, changer. Et très vite. La nature n’est plus la même. Les animaux non plus. Ma prise de conscience est née à ce moment là.
Ma question essentielle est finalement : comment être plus heureux ? Comment avoir une jolie vie ? Comment trouver l’équilibre avec la nature, le travail, et tout simplement la vie. Et selon moi, une des réponses est qu’il faut arrêter de tout détruire. Nous devons réussir à appartenir à un monde dans lequel on est bien et que l’on respecte.
Selon toi, quelle est la situation écologique actuelle ?
Pour le 1ere fois depuis 50 ans, il existe une réelle prise de conscience de l’urgence. Et elle est exponentielle. Dans le concret, nous n’avons pas amorcé grand chose. Mais dans la conscience de ce qu’il se passe oui. Va-t-on réussir à faire quelque chose rapidement ? L’opinion publique a changé . Et c’est à nous de donner l’impulsion ! Les politiques, ce sont nous tous: les citoyens. Les acteurs économiques comprennent la nécessité de bouger mais il existe une forte inertie.
Moi je pense qu’on va bouger. Mais que l’on va se prendre de grosses grosses baffes avant. Et que cela va être violent et douloureux. Nous préparons des solutions et on saura alors réagir. L’être humain est profondément adaptable. Mais il a parfois besoin de se prendre le mur avant de passer à l’action.
Nos enfants sont les citoyens et acteurs de demain. Comment sensibiliser les enfants à l’écologie ?
Pour moi, il s’agit de ne surtout pas être dans une démarche traumatisante. L’essentiel est de ne pas laisser le déni s’installer. Nous, adultes, sommes dans ce déni car nous avons déjà bien trop de constructions et de croyances. Le cerveau de l’enfant est vierge. Nous pouvons partir avec de bons pré-requis avec eux.
L’idée n’est pas de leur dire « on est dans la merde ». Mais plutôt leur apprendre que la planète produit des ressources mais pas à l’infini. C’est un stock que l’on ne peut dépasser. Ce que nous, adultes, apprenons aujourd’hui, les enfants doivent (et peuvent) l’apprendre dès petits. On peut les mettre dans une démarche basée sur des solutions et pas des catastrophes. Sensibiliser les enfants à l’écologie passe par les mettre dans une perspective optimiste.
La crise que nous vivons est une conséquence de nos modes de vie. Les enfants n’en sont pas responsables. Il est essentiel de ne pas être anxiogène. Les sensibiliser, c’est les accompagner dans une perspective de monde soutenable. C’est les amener sur une trajectoire d’amélioration, dans un bon sens logique. Nous avons le choix : aller vers le mieux ou aller vers l’enfer. Ce n’est pas le même schéma de pensée !
D’après toi, quels regards portent les enfants eux-mêmes sur l’écologie et sur l’état de la planète ?
Cela dépend des âges. Passé les 13/14 ans, j’observe que c’est très anxiogène. Ils sont souvent dans une mécanique de déni, en mode « je m’en fous ». Tout en étant très angoissés sur l’avenir.
A 8 /10 ans, ils ont un rapport à la vie et au vivant très sain. Ils sont cohérents. Ils savent que nous avons besoin de vivre en harmonie avec la nature. Les enfants ont les clés et des solutions naturellement.
L’enfant est heureux par essence. C’est en grandissant qu’il peut perdre cet état de bonheur naturel. Il entre inconsciemment dans des mécaniques. Et il perd foi en l’avenir.
Avec l’entrée au collège se joue l’appartenance à un groupe, à un statut social. C’est pour moi un moment clé, une transition. Et c’est à ce moment où l’on dit opérer un véritable changement culturel. Il s’agit, à ce moment, de sortir du mode de vie « prédateur » pour ré-inventer nos imaginaires, plus soutenables et en cohérence avec la vie.
Ce changement culturel est un process long. C’est éducationnel. Mais nous n’avons plus le temps ! Même si l’être humain est résilient et sait toujours rebondir.
Alors justement, comment sensibiliser les enfants à l’écologie au quotidien ?
En leur faisant aimer la nature, tout simplement !! Tout passe par l’amour de la nature. Et cela répond d’ailleurs à plusieurs problématiques. En accompagnant les enfants à aimer la nature :
- on leur apporte un sanctuaire, un espace qui permet de réduire le stress
- cela leur apprend à aimer la vie (car la nature c’est la vie par essence)
- on les aide à prendre du recul sur la vie
- les enfants appréhendent mieux le monde
- ils comprennent que la nature est bien plus que juste une ressource
- les enfants apprennent à cesser de toujours accélérer. Ils apprennent à prendre le temps (en calant notre rythme sur celui de la nature, on déconstruit le réel, on prend de la hauteur sur nos petits problèmes)
En aidant nos enfants à aimer la nature, on leur apprend à se sentir vivant. Tout simplement.
Un enfant qui veut des jouets en plastique « made in china » ou aller dans un parc aquatique, on lui répond quoi ?
Pour moi, il se s’agit pas de l’influencer sur ce qui est bien ou pas bien. Mais on peut lui montrer d’autres chemins. Comme par exemple lui montrer que la nature est un jouet naturel formidable ! Dans la nature, on peut observer les fourmis et les têtards. Un enfant peut construire un barrage dans un ruisseau avec quelques bouts de bois.
La nature est riche et complexe. Elle demande plus de temps pour se l’approprier. Le parc Disney (et les dérivés), c’est facile, on ne réfléchit pas. Nous sommes conditionnés ! La nature demande plus de temps pour se projeter dans l’expérience. Encore une fois, il s’agit aussi de changer notre relation au temps. La nature permet de passer des heures pour apprendre à prendre du plaisir. C’est un bel apprentissage de vie. Un enfant sera forcément touché par la nature. Si on lui laisse le temps de la comprendre…
Et vous ? comment vous y prenez-vous pour sensibiliser les enfants à l’écologie ?
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