« Fais pas ta timide ». « Tu es vraiment maladroit ». « Tu râles toujours ». « Tu n’écoutes vraiment rien ». Toutes ces petites phrases de rien du tout sont finalement de grandes phrases qui font du mal à nos enfants. Elles s’échappent parfois de nos bouches sans même s’en rendre compte. Et elles viennent aussi de notre entourage plus ou moins proche.
Mais pour nos enfants, ces phrases peuvent avoir un impact très fort. Ce sont des étiquettes. Ou des rôles dans lesquels on enferme nos enfants. Et quand ces étiquettes sont reçues à répétition et dès le plus jeune âge, elles sont alors collées à la glue extra forte. Et évidement, plus le temps passe, plus elles sont difficiles à retirer.
J’entends si souvent des adultes (mes étudiants, des salariés ou des parents) qui les évoquent. Et quand je les questionne, ils me disent dans la très grande majorité que cela vient de l’enfance… Alors si on décidait d’offrir un beau cadeau à nos enfants ? Si on choisissait de libérer les enfants des étiquettes ? Je vous partage ici quelques astuces que j’ai mise en pratique auprès des mes jumeaux.
Le danger des étiquettes
Les étiquettes collées sur le visage de nos enfants sont beaucoup plus fréquentes qu’on ne le pense. Et dans la majorité des cas, nous n’en sommes pas forcément conscients . Elles se rapprochent des stéréotypes, comme on les connait pour le genre .
Pendant longtemps, ma fille a eu souvent la même réaction quand elle se retrouvait avec des gens qu’elle ne connaissait pas ou peu…
Repliée sur soi, elle se réfugie dans mes bras qu’elle ne quitte qu’au bout de 10/15mn. Les gens l’observent et souvent, presque invariablement, la phrase tombe, comme une sentence : « elle est timide ta fille ».
Et pour être honnête, les premières fois où j’ai observé cette situation, je l’ai aussi exprimée cette phrase, presque pour l’excuser. Ainsi, après m’avoir entendu 2/3 fois la dire, elle me disait elle même : « mais papa, tu sais bien, quand il y a des nouveaux gens, j’ai peur car je suis timide ».
Et hop ! Une étiquette collée (par moi et les autres)… peut être pour la vie.
Le danger des étiquettes est ici bien illustré. Une réaction à une situation devient une vérité absolue. Ma fille va grandir et se construire avec la conviction qu’elle est timide. Elle va s’enfermer dans une croyance limitante. Cela va l’empêcher d’avancer. Et elle va trainer cette étiquette comme un boulet toute sa vie. Une étiquette empêche l’enfant d’être pleinement libre d’être ce qu’il est et d’être pleinement heureux. Mais nous avons le choix de faire différemment. En tant que parent, un de nos objectifs est de rendre nos enfants le plus libre possible. Et donc sans avoir une étiquette pré-définie. Nous nous devons alors de libérer les enfants des étiquettes.
Décoller les étiquettes et les re-contextualiser
La première astuce que je vous propose est de re-contextualiser la situation où l’étiquette est mise. Et de prendre de la hauteur. Pour proposer un autre regard à l’enfant sur la situation.
Pour y arriver, cela démarre déjà par la posture des parents. Nous devons être convaincus de ce que nous disons à notre enfant sur le sujet. Pour que l’enfant soit à son tour convaincu.
Pour reprendre l’exemple de ma fille, voici comment je fonctionne. Quand j’entends quelqu’un dire à ma fille qu’elle est timide, je le reprends immédiatement et lui dis calmement : « non, elle n’est pas timide. A aujourd’hui, elle a besoin de quelques minutes pour se sentir en confiance face à des gens qu’elle connaît peu ou pas. C’est ainsi aujourd’hui et ce sera peut être (surement) différent demain ». Et bien sûr je le dis devant ma fille (et lui exprime à elle aussi en face à face parfois).
A force de répétition, je vois que l’étiquette se décolle. Ma fille ne m’exprime quasiment plus jamais qu’elle est timide. Cela arrive encore rarement, mais très peu souvent. Libérer les enfants des étiquettes passe notamment par l’attitude des parents. C’est à nous de leur montrer un autre chemin.
Focaliser sur le positif et (sur) valoriser
L’autre astuce que je vous propose (et que j’ai testé et validé !) consiste à re-donner confiance à son enfant. Il s’agit de l’aider à porter un autre regard sur son étiquette. Et c’est un excellent moyen pour libérer les enfants des étiquettes.
Concrètement, il s’agit d’utiliser des moments du quotidien où l’enfant, sans parfois même s’en rende compte, change par lui même, son étiquette. Par exemple, si je reprends l’exemple de ma fille et de son étiquette de timidité. Quand nous allons à la boulangerie et qu’elle demande du pain toute seule, je la félicite. Et lui glisse qu’elle n’a pas du tout était timide dans cette situation.
Ou, si nous avons des amis qu’elle connait peu qui viennent à la maison et qu’elle les accueille spontanément avec un grand sourire, c’est la même chose. Je lui indique qu’elle a dépassé sa timidité. Bien entendu, comme souvent, tout est une histoire de curseur. Il ne s’agit pas de le dire non stop, au risque d’en faire une « fixette » pour l’enfant.
Il convient donc d’utiliser cette astuce aux « bons » moments. En se focalisant sur le positif, l’enfant va se sentir valoriser. Et plus enfermer dans ce rôle donné. Il va prendre confiance. Fixer sur le positif et valoriser est un excellent moyen de libérer les enfants des étiquettes !
Remplacer l’étiquette par un besoin
Cette astuce fait écho à ce que j’ai indiqué dans la partie sur la contextualisation. Derrière une peur, se cache souvent un besoin. Et derrière une attitude « dite » pas correcte (et qui peut engendrer une étiquette) se trouve aussi un besoin. Il s’agit donc de le nommer. C’est beaucoup moins enfermant pour l’enfant. Cela lui permet de poser les mots justes. Et de trouver la solution pour répondre à son besoin plutôt que de s’enfermer dans une étiquette.
Concrètement, voici quelques exemples d’étiquettes que l’on peut remplacer par un besoin :
- Timide : besoin de temps pour être à l’aise. « Je ne suis pas timide, j’ai besoin de temps pour faire confiance »
- Maladroit : besoin d’apprentissage. « Je ne suis pas maladroit, j’ai besoin de m’exercer pour mieux maitriser mon geste »
- Peureux : besoin de sécurité. « Je ne suis pas peureux, j’ai besoin d’être rassuré »
- Bavard : besoin de s’exprimer. « Je ne suis pas bavarde, j’ai besoin de donner mon avis et de me connecter aux autres ».
Vous avez compris le principe ? Pour mettre en pratique cette astuce, commencez par exprimer vous mêmes vos propres besoins. Puis ceux de votre enfant. En l’accompagnant, et par mimétisme, l’enfant va faire de même. Focaliser sur le besoin est un excellent moyen de libérer les enfants des étiquettes !
Remplacer le « Tu » par le « Je »
Enfin, la dernière astuce que je vous propose utilise la Communication Non Violente . J’en parle régulièrement dans mes articles. Même si ce n’est pas facile à utiliser (c’est une nouvelle langue à apprendre), la CNV est très utile au quotidien. Et également pour libérer les enfants des étiquettes.
Quand, parfois malgré nous, nous posons des étiquettes sur nos enfants, nous utilisons spontanément le « tu ». Et n’oublions pas que, parfois, le « tu » tues (le tu tues est un excellent moyen mémo-technique pour s’en défaire). Essayons à la place du « tu », très accusateur, d’utiliser le « je ».
Ainsi, face à un enfant qui va prendre du temps pour se préparer le matin avant d’aller à l’école, nous pourrions avoir tendance à lui dire spontanément « Tu es lent, dépêche toi ! ». Et hop, une étiquette de collée, peut être pour la vie. A la place, nous pourrions dire « J’ai besoin que tu m’aides car nous sommes retard ce matin. Peux tu STP t’habiller maintenant ? ». Avec cette formulation, l’enfant va plus facilement entrer dans la coopération . Et surtout, nous lui envoyons un message plus positif que de le catégoriser de lent.
Vous l’avez compris, les étiquettes peuvent faire mal. Et pour longtemps. Alors nous parent, c’est de notre responsabilité de se « battre » contre les étiquettes trop rapidement collées. On a le droit de se tromper (je l’ai fait moi même, comme expliqué plus haut) pour ensuite réajuster.
Aidons nos enfants à être des enfants LIBRES aujourd’hui pour qu’ils soient des adultes LIBRES demain ! Et commençons tout simplement par ne pas leur coller des étiquettes ! Aucune !
Et vous ? Avez vous d’autres astuces ou questions à partager pour libérer les enfants des étiquettes ?
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