Olivier me reçoit chez lui, en début de soirée, en pleine préparation du repas (bio) familial du soir que je vais partager avec eux. Sa compagne, Angélique, arrive quelques minutes après avec leur fille, Lilli, quatre ans. Il y a tant de raisons de dresser le portrait d’Olivier : papa d’une famille recomposée (Emma et Maël, respectivement 16 et 14 ans, qui sont avec lui un week-end sur deux et la moitié des vacances scolaires), pratiquant pour sa petite fille l’ instruction en famille (le NONSCO : Non Scolarisation), passionné de jeux de société (et donc de moments de partage) et adepte de l’éducation positive et bienveillante. Portrait d’un papa complet….
Un Papa en renouveau
Olivier a eu la chance d’être papa trois fois. Et surtout, il a pu vivre trois naissances de façons très différentes avec « toujours beaucoup d’amour, d’envie et d’impatience ». Il a 26 ans quand son ancienne épouse donne naissance à Emma. Il vit alors les premières semaines avec beaucoup d’angoisse. « C’était nouveau, elle était petite, je découvrais le quotidien avec un nourrisson ! ». Très vite, il trouve ses marques et s’implique beaucoup. « Je m’occupais des soins, j’allais chercher ma fille durant la nuit pour l’apporter à sa maman pour l’allaitement. J’étais déjà à l’époque un « nouveau père » ! ».
Moins présent pendant les premières semaines de son fils Maël pour raison professionnelle (Olivier est ingénieur en SSII), le papa se rattrape les mois suivants.
A 38 ans, il redevient papa avec sa nouvelle compagne, Angélique. « C’était une naissance surprise, magique mais totalement voulue .». Douze ans après, est-ce le retour de l’angoisse, la peur d’avoir oublié ? « Au contraire, il y a eu tout l’enthousiasme de revivre une « première » grossesse mais sans l’appréhension grâce à l’expérience et à la maturité ! ». Il est alors d’un précieux soutien pour sa campagne, un vrai formateur à domicile ! Lilli est allaitée par sa maman, ce qui crée une petite frustration sur ces moments à Olivier. Il trouve alors la parade en pratiquant beaucoup de peau à peau et de maternage.
Mais comment a évolué le papa en une décennie ? « En 10 ans, la parentalité a énormément changé avec notamment l’émergence de l’éducation positive et bienveillante ». Grâce à Angélique, il entreprend une profonde remise en question pour sortir « des schémas vieillots » de l’éducation.
Un papa bienveillant
Et cette bienveillance qui ne demandait qu’à être révélée, Olivier la met au service de ses 3 enfants. Ce sera une des pierres angulaires qui unira et structurera la famille recomposée. « J’ai appris l’écoute, à montrer mes sentiments et à les exprimer avec mes enfants, à leur dire ou leur montrer qu’on les aime ».
Cette bienveillance passe bien sur par les mots et des postures, mais également par des valeurs. « La curiosité, la tolérance et le respect que j’essaye d’incarner le mieux possible pour que mes enfants comprennent et les intègrent ».
Un triple papa
La bienveillance d’Olivier lui permet également de s’adapter en douceur aux attentes différentes entre des ados et une petite fille. « Toutes les périodes ont leurs lots de bonheur, d’échange, de doute ». Car même (ou d’autant plus) à 14 et 16 ans, Emma et Maël ont besoin d’un guide. « On essaye de garder un dialogue qualitatif, d’éviter qu’ils ne se referment trop sur leur monde, les conseiller sans influer sur leurs propres choix, …Et surtout, je tente d’encore développer leur curiosité et leur ouverture aux autres. ».
L’autre enjeu est de réussir à créer une harmonie au sein de la famille recomposée. « Faire en sorte de respecter chacun et ses envies a été une des clés ». Et cela a plutôt bien fonctionné . Avant la naissance de Lilli, Olivier discute avec ses deux plus grands sur les changements engendrés par leur future petite soeur. « Tout pour Emma et rien pour Maël ! On a alors inscrit ensemble les idées sur un tableau pour se rendre compte qu’ils disaient la même chose mais avec un ressenti différent.». Pour symboliser la « nouvelle famille », Olivier & Angélique organise une séance photo. C’est ce moment que ses deux grands choisissent pour leur surprise. « Ils nous ont écrit un « rap » dont le titre est « notre famille adorée ». D’y penser me donne les larmes aux yeux encore aujourd’hui ».
Un papa adepte de l’ instruction en famille
Aux deux ans de Lilli, Olivier & Angélique prennent une grande décision. Ils n’amèneront pas Lilli à l’école primaire et réaliseront l’ instruction en famille (IEF, ou NonSco pour « Non scolarisé » ou « unschooling »). « L’idée première est de respecter le rythme de l’enfant, dans le quotidien et dans l’apprentissage. On apprend mieux quand on veut et lorsque on est prêt. Et on retient mieux lorsque l’on nous montre et que l’on participe ». Les parents évitent alors un enseignement de masse pour un individualisé. « Ma peur était le manque de socialisation. Hors il y a de nombreux moments partagés avec les enfants qui suivent le même parcours. On estime à une centaine le nombre de famille NonSco sur Lille par exemple ».
Pour mettre en pratique l’ instruction en famille, il faut du temps. Les parents négocient alors des horaires décalés : 7h-17h pour Olivier / 14h-22h et parfois le week-end pour Angélique. La semaine se déroule selon un planning alternant les moments libres (jeux, lecture ou sport), des moments d’apprentissage plus formel avec les parents (mais sous l’angle ludo-pédagogique) et les moments collectifs (activités avec les autres enfants en NonSco). Lilli va également chez une nounou de 15h à 18h.
Les moments collectifs sont créés sous l’initiative spontanée des différents parents. « L’un va négocier avec un musée d’ouvrir pour nos enfants, sur des horaires décalés. Un autre va permettre d’animer des ateliers nature dans un jardin éco-pédagogique , conjointement avec les travailleurs du lieu. Un dernier va organiser un moment de chant, … ». Grâce à la forte implication des familles, ces activités sont organisées à coût nul voir faible. « Et nous sommes beaucoup d’adultes pour entourer des petits groupes de 10-15 enfants maximum. Cela permet une souplesse qui ne peut exister en maternelle ».
– Zoom sur l’ instruction en famille –
Cette éducation apporte aux enfants la disponibilité, l’accompagnement spécifique, des méthodes d’apprentissages évolutifs. « Cela se construit avec des méthodes qui ont porté des preuves et que même parfois l’éducation Nationale commence très doucement à intégrer via des écoles alternatives comme Montéssori ou Steiner ». Le profil des familles est assez différent. « Il y a dans les parents d’anciens instituteurs… ».
En France, ce courant se développe depuis plusieurs années mais il y a peu de recul. « Aux Etats Unis et au Canada, c’est pratiqué depuis plus de 50 ans. Il existe des études qui montrent que quand ces enfants décident d’intégrer les universités, ce sont les plus prestigieuses du pays et ils en sortent dans les têtes de classe ».
Sans être du unschooling, le modèle d’éducation scandinave encourage également l’épanouissement personnel, la créativité multiple, et la création d’une relation de confiance entre l’adulte et l’enfant.
Passé les six ans, cette éducation reste possible mais avec un cadre réglementaire. Chaque année, un inspecteur académique contrôle les progrès et les acquisitions des enfants.
NB : plus d’infos sur les liens suivants : http://laia.asso.free.fr et http://www.lesenfantsdabord.org
Un papa joueur
Pourtant, à y creuser de plus près , le choix de l’instruction à domicile, qui utilise beaucoup le jeu dans la pédagogie, n’est pas si surprenant. En effet, Olivier est un passionné de jeux de société ! Et c’est une tradition familiale. « Déjà avec mes frères et soeurs, on jouait beaucoup. Mon père, plutôt sévère, nous rejoignait parfois pour des parties qui se terminaient au milieu de la nuit ! ». Et le hasard fait bien les choses puis qu’Angélique est également une passionnée de jeux !
Dans leurs placards, on trouve près de 200 jeux de toutes sortes. Et que ce soient à deux, à trois ou à cinq, le jeu est le parfait prétexte à l’échange, à l’apprentissage et au partage. Olivier vit sa passion pleinement en étant Président d’une association de jeux et en tant que bénévole d’un festival de jeux.
Joueur mais toujours attaché à sa bienveillance, Olivier a créé en ce début d’année une nouvelle tradition familiale : « la boîte à bonheur ». Chaque jour, tous les membres de la famille écrient sur un bout de papier de couleur son bonheur du jour, petit ou grand. « Au début, on les mettait dans un bocal mais comme tout le monde s’est pris au jeu, on est passé à une boîte plus grande ! ».
Le bonheur n’est-il finalement pas un absolu à atteindre mais plutôt de savoir voir tous les petits bonheurs au quotidien…?
Actions
L’ADN de ce blog, c’est de pouvoir s’inspirer d’histoires de papas pour mettre en place des actions permettant d’améliorer son quotidien de papa ou de le vivre différemment. En voilà quelques unes que je vous propose :
- Oser vous remettre en cause et explorer de nouveaux chemins: Après deux enfants ayant suivi une éducation familiale et scolaire classique, Olivier se remet en question et fait le choix de l’éducation positive et bienveillante et de l’Instruction En Famille. Identifiez vos envies profondes, écrivez les sans censure sur un cahier pour leur donner vie et explorez les chemins qui pourraient s’ouvrir devant vous !
- Vivez votre passion : on a tous une passion ! Parfois on la pratique juste pour soi, parfois on l’oublie… Et si on exploitait à fond notre passion pour la partager (sans pour autant l’imposer) avec sa famille ?
- Tentez d’être vous : en exprimant ses émotions, ses sentiments, ses bonheurs comme ses peines, vous arriverez à être plus « vrai », plus authentique. Et cela génère autant de sérénité pour soi que de moments forts avec les autres.
Et vous, que pensez-vous de l’histoire d’Olivier ?
Positivons, partageons et commentons ci dessous !
Inspirant ce portrait de ce papa extraordinaire ! Les jeux, l’education positive, l’ief, le choix de vie, beaucoup de sujets qui me parlent ! Merci pour ce bel article.