Deuxième semaine de confinement pour tous… Nous retrouvons nos trois papas qui témoignent sur comment ils vivent cette période hors du temps. Une nouvelle semaine en tant que papa confiné pour Nicolas, père de deux enfants de 3 ans et 5 mois, Douglas, papa solo en garde alternée de deux garçons de 7 et 4 ans et Arnaud, père de deux garçons de 10 et 8 ans.
Ils ont partagés leur première semaine de confinement, avec les impacts naissant sur leurs jobs, leurs enfants et leur couple. Comment leurs vies ont évolué sur la deuxième semaine de confinement ? C’est parti pour le deuxième épisode des chroniques de papa confiné, entre visio conférences familiales, pêche, construction de cabane, devoirs et rires.
Quelle est ta météo émotionnelle du jour ?
Nicolas
Beau microclimat avec ciel bien dégagé comme le temps de ces derniers jours.
Douglas
Météo plutôt clémente, je prends mes marques et commence à comprendre dans quel monde nous vivons et j’intègre la nécessité de protéger mes enfants et me protéger. Pas toujours évident de vivre avec ce stress mais les bons moments passés et un quotidien plus facile à vivre aident beaucoup !!!
Arnaud
Météo plutôt calme et apaisée en ce qui concerne la vie à la maison. D’abord, on essaie de faire en sorte que le programme quotidien école, boulot, repas, activités… ne se transforme pas en routine, même si ce n’est pas évident de se renouveler. Moi qui ai du mal à rester en place en général, je vis le confinement plutôt bien au final (merci le soleil et l’oasis extérieure de 25 m2). Le ciel s’est un peu assombri quand même en début de semaine, car quelqu’un de ma famille proche a les symptômes. Rien d’alarmant, on a des nouvelles tous les jours, mais ça rend la situation encore plus réelle.
Comment as-tu reçu la prolongation de 2 semaines du confinement et comment appréhendes-tu les prochaines semaines ?
Nicolas
Je m’y attendais totalement, donc cela n’a pas été du tout une surprise ni une déception. Je dirais même que, par rapport à l’attitude de certains pays, ça a plutôt été un soulagement…
Douglas
Pour être honnête je le savais dès le début du confinement. Je me documente pas mal et mon meilleur ami est chef de pôle à l’hôpital (et en première ligne) donc il me tient pas mal au courant. J’essaie de laisser de côté mes incertitudes sur le business et surtout l’état de santé de mes proches pour me concentrer sur ce que je peux actionner pour ne pas me laisser déborder par ma colère (incompétence des pouvoirs publics, bêtise de ceux qui ne respectent pas le confinement).
Cependant le savoir est une chose, mais se le voir confirmer en est une autre. L’organisation avec les enfants étant désormais mise en place il est plus simple de se projeter dans le futur proche avec un peu plus de sérénité. Je me projette déjà vers une sortie de confinement pour début mai, pas avant, avec les conséquences psychologiques que l’on peut imaginer sur mes enfants et moi-même – car ce confinement est violent, brutal, destructeur de liberté individuelle et aura des conséquences sur nos comportements.
Arnaud
On s’y attendait, ce n’est pas une surprise. On va continuer notre bonhomme de chemin le plus paisiblement possible en continuant à faire des efforts, comme être les plus disponibles possibles.
On a eu tendance cette semaine à céder à la facilité des jeux vidéo et de la TV avec les enfants pour s’offrir des petites bulles pour nous après les devoirs et le boulot. Petite alerte à ce niveau : on ressort les jeux de société et on se fait des séances « ciné câlins » (on est très tactiles). De mon côté, j’ai réactivé l’aspect professionnel et réseau avec des échanges clients, partenaires, entre adhérents de Place de la Com… Et j’en profite aussi pour tester de nouvelles choses. Même mes louveteaux me servent de cobayes et ils en sont ravis (c’est un des avantage du papa confiné !). Ils adorent que je les implique dans mon taf, encore un peu nébuleux pour eux. Ça les valorise et c’est un nouveau sujet d’échange. Cette semaine, on a testé ensemble des plateformes de visoconférence / webinaire, en laissant une grande place à la déconne of course.
Après 2 semaines de confinement, as-tu découvert des choses sur tes enfants ?
Nicolas
Oui, notamment le fait que mon fils était un vrai moulin à paroles, avec, en tête de liste et de très loin, les mots « pourquoi » et « papa »… Je me rends également compte qu’à 3 ans, il a encore énormément besoin de nous en permanence et a beaucoup de mal à s’occuper seul. C’était déjà évidemment le cas avant, notamment les weekends, mais j’attribuais cela au fait qu’il ne nous voyait pas beaucoup la semaine et que du coup il se rattrapait. En fait non, c’est tout le temps comme ça!!! Mais c’est évidemment un régal de l’attendre et de la voir progresser jour après jour, avec de nouvelles expressions notamment telles que : la purée de maison et l’étoile d’araignée.
Concernant ma fille, je n’ai pas fait de découverte particulière. Je me rends simplement compte, en étant papa confiné, de la cadence quotidienne et permanente avec laquelle il faut lui changer ses couches, lui faire son biberon, aller la coucher, la rechercher après, et ainsi de suis. Je réalise à quel point je suis admiratif des nounous, maîtresses, assistantes d’éducation, … qui s’occupent des enfants en bas-âges.
Douglas
Franchement, pas grand chose mais plutôt des confirmations. J’ai beaucoup bossé cette semaine quand je ne les avais pas et quand je suis avec eux j’arrive à équilibrer mon temps. Je découvre à quel point ils souffrent de cette situation et je me sens impuissant face à certains de leurs comportements. Darcy a comme prévu travaillé avec sa maman et cela l’a bien structuré, j’ai fini le travail samedi avec une résolution haut la main de problèmes mathématiques. Maximilian est un peu victime de l’absence de cadre (il a 4 ans) ce qu’il fait qu’il se sent un peu en « roue libre ». Alors j’ai opté pour des moments intenses et je lui ai acheté un jeu d’apprentissage sur la lecture. Je découvre sa rapidité d’apprentissage et sa faculté à comprendre le système de lecture. Je suis très très fier de lui !!!!
Sur Darcy, nous sommes fan d’un podcast qui s’appelle « 2Heures de Perdues » qui raconte de manière très comique et avec beaucoup de mauvaise de foi un film. Et nous avons décidé d’enregistrer notre propre podcast. Bref, nous avons choisi un film (Dragon des mers) et nous l’avons visionné 3 fois pour décortiquer les scènes, les personnages et la mise en scène puis nous avons enregistré avec son cousin (via Discord car il est sur Paris) ce dimanche 1h30 que nous allons diffusé à l’équipe de « 2Heures de perdues » en hommage – on espère qu’ils vont aimer. A cette occasion j’ai été sublimé par la capacité de Darcy d’avoir un raisonnement critique et ironique sur les scènes et comment il avait compris toute la narration du film. C’était un super moment !!!!
Arnaud
Pas trop une surprise mais une confirmation en cette période spéciale : ils ont une sacrée capacité d’adaptation et, à notre grande surprise, la situation les a rapprochés. Entre Maxence, pré ado qui réclame plus d’indépendance et sait s’isoler, et Adrien qui a du mal à rester seul mais a aussi un caractère bien entier (pas toujours diplomate le lascar), on s’attendait à des clashs en série. Et bien c’est l’inverse. Ils se chamaillent toujours un peu, mais beaucoup moins que d’habitude. On a partagé ce grand « ouf ! » avec Karine. Pourvu que ça dure. On a l’impression qu’ils ont autant besoin que nous de se retrouver entre eux, de recréer cet esprit de bande, ce que l’école et le sport leur offrent toute la semaine en temps normal. C’est aussi le cas avec leurs copains : les visios sur Messenger ou Whatsapp sont maintenant un rituel quotidien. Des vrais geeks !
Bien sûr, ils unissent aussi leurs forces pour négocier avec maman et papa, de ce point de vue, aucun changement 😊.
Le job, le couple, les enfants, le foyer, les amis et familles… ressentes-tu une charge mentale qui s’installe ? Et si c’est le cas, comment le géres-tu ?
Nicolas
Alors pour nous les choses ont un peu changé (même beaucoup en fait) par rapport à la semaine dernière puisque nous avons pris la décision jeudi dernier de « migrer » à une heure de route de notre domicile, dans la maison de campagne familiale qui était inoccupée.
On a beaucoup hésité, puisque cela impliquait le non-respect des conditions du confinement imposées par la loi le temps du trajet. Mais dans la mesure où nous les avions respectées depuis le début, et sachant que nous continuerions à scrupuleusement le faire une fois sur place, on s’est dit qu’il fallait le faire. D’autant que le trajet ne nous obligeait pas à croiser qui que ce soit.Et honnêtement, on revit… Donc pour répondre à la question, pour le moment non, je ne ressens pas de charge mentale, cela dit, l’atmosphère commençait à être vraiment pesante avant de changer d’air.
Douglas
Côté job, je me concentre sur ce que je dois délivrer dans les semaines à venir. Nous avons tenu notre radio quotidienne et nous avons une petite audience. Pour approfondir notre positionnement et aider, nos clients nous avons créé un questionnaire pour interroger les salariés sur leur niveau de motivation actuellement et de fournir – gratuitement – aux entreprises qui le souhaitent un indice de motivation / confinement pour qu’elles puissent évaluer où leurs équipes en sont et préparer la sortie et l’accompagnement des salariés. Aussi nous réfléchissons à adapter notre certification aux coachs avec un focus sur les diagnostics motivations individuels.
Sur la famille, j’ai mis en place avec et pour ma famille une université interne où chacun partage au reste de la famille ses sujets d’expertise pour apprendre ensemble. Au programme: décrypter la peinture chinoise à travers les âges par mon frère archéologue, la motivation par Douglas, concert de musique classique par ma soeur harpiste à l’orchestre de francfort, l’astrologie par Aude….tous les 3 jours, 1H30 de conférence ! ET ils adorent ça. On a même décidé d’ouvrir ces conférences à l’extérieur.
Avec les enfants, de manière générale ça va – sauf les moments où ils craquent le slip évidemment. On lit l’épopée napoléonienne le soir tous les trois aussi, c’est sympa et à lire ces récits on se dit qu’on est pas si mal lotis !!! On sort les matins et fin d’après-midi pour jouer dans la cour – j’adore jouer au Loup avec eux et courir après Maximilian. Le soir c’est film et des moments de discussion et de câlins – notamment avec Maxilmilian qui finit la plupart du temps le film dans mes bras.
Mais pour ce qui est des devoirs, je tiens ma position de papa confiné. Privilégier une bonne ambiance et un apprentissage, quel qu’il soit (même si non scolaire) plutôt que râler et se battre pour un exercice. Sur les amis, je garde le lien, j’appelle et me rends disponible. Je sens que le moral n’est pas toujours au beau fix pour eux alors je fais attention. Perso j’ai connu ce sentiment de confinement avec la période de création d’entreprise durant laquelle (18 mois) je suis resté chez moi alternant entre travail à la maison et m’occuper de mes enfants alors après la période découverte je retrouve mes marques et mes habitudes. Côté couple, c’est dur de ne pas se voir, Aude me manque et on fait chacun un effort pour vivre des choses ensemble. Entre soirées vidéos et discussions on se tient. Chaque jour passé nous rapproche du dernier jour et de nos retrouvailles…
Arnaud
Bien sûr, je n’échappe pas aux petites sautes d’humeur avec les enfants et Karine. Mais on a l’impression d’être plus cool quand même qu’en temps normal. La flexibilité du temps, le rythme qu’on se crée pour nous même avec moins de contraintes extérieures… tout cela amène plus de souplesse, moins de stress. Karine et moi avons des caractères différents. On vit la situation à notre manière, mais on est complémentaires. Quitte à tomber dans les clichés, elle est de nature plus organisée, plus prévoyante et un peu plus anxieuse que moi. Je suis plutôt de nature optimiste et à aborder chaque jour après l’autre. C’est un bon cocktail au final. Dans le couple, on se soutient et on a étendu nos zones de complicité. Devant nos fistons, on sait que notre rôle est de d’entretenir le sentiment de « normalité », tout en leur donnant des repères et en diffusant de l’enthousiasme.
Avec les amis et la famille, on s’appelle régulièrement, donc on vit plutôt bien l’éloignement. Mais la phrase qui revient tout le temps par écrans interposés est « On va se rattraper ! ». Ça promet des retrouvailles intenses (et arrosées) dans « la vraie vie ».
Le moment galère de la semaine ?
Nicolas
Une nuit particulièrement mouvementée avec notre fille de 5 mois qui s’est réveillée à 4h pour ne finalement se rendormir que vers 7h, heure à laquelle son frère a pris le relais… ça a piqué un peu.
Douglas
Entre les incertitudes professionnelles et les moments de stress avec les enfants, mais contrebalancés par des vrais moments de rigolade je ne peux pas dire que j’ai eu un moment vraiment galère. La situation est dure mais je l’ai accepté et j’ai admis que je ne pouvais pas faire grand chose alors je mets ma créativité au service du futur. Je n’ai aucun proche touché par le virus, ça aide fortement !!!
Arnaud
Expliquer aux loulous que leur saison de sport était définitivement terminée, suite aux annonces de leur club (basket pour Maxence, tennis pour Adrien). Un crève-cœur ! L’autre point est que j’ai été moins dispo cette semaine pour participer aux devoirs, c’est donc plus compliqué pour Karine.
Le moment fun de la semaine ?
Nicolas
La première session pêche avec mon fils qui m’a laissé entrevoir qu’il aurait peut-être les mêmes passions que son papa…
Douglas
Je dirai le podcast avec Darcy, le Loup avec Maximilian, les soirée vidéo avec Aude et l’université avec la famille.
Arnaud
Cette semaine, j’ai eu des amis de Tahiti et des clients de La Réunion en ligne, une soudaine envie d’évasion. Et en regardant Koh Lanta vendredi avec les enfants, la messe était dite. On a décidé de construire une cabane, une vraie ! On a fait l’état des lieux du stock de placo et de tasseaux de bois qui végètent dans le garage depuis plus de 10 ans, et on s’est lancé dans un chantier balaise, à coup de scie sauteuse, de perceuse-visseuse et de marteaux. Encore une chouette expérience « de grands » pour nous. Une fois terminé, ils auront ainsi leur petit espace d’évasion, une « maison buissonnière » rien que pour eux. Je dévoilerai ça au prochain épisode, si on a fini !
Et vous ? Comment s’est passé votre 2eme semaine de papa confiné ?
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Crédits photos : unsplash, les papas interviewés