Aujourd’hui, de plus en plus de papas s’investissent auprès de leurs enfants. Ce n’est pas juste une mode mais plutôt une lame de fond. Pourtant, les croyances sont bien ancrées dans notre société et les mentalités mettent du temps à évoluer. Surtout si des papas osent privilégier leurs vies familiales à leurs vies professionnelles. Mettre la lumière sur ces papas qui bougent les lignes, c’est l’un des objectifs d’histoiresdepapas.com . J’ai déjà eu l’occasion de parler de plusieurs papas qui font des choix professionnels pour concilier vie pro et vie perso. Je pense à Maxime qui, à l’arrivée de son fils, a négocié avec son boss de ne plus faire de déplacements. Je pense à Corentin qui s’est créé un job sur mesure lui permettant d’être très présent pour ses filles. Je pense à Antoine, commerçant entrepreneur qui a décidé de ne pas travailler le Mercredi pour partager la journée avec son fils. Les exemples sont nombreux. Et plus on en parlera, plus les idées reçues sur le sujet évolueront.
Car les caricatures sont toujours présentes. Le témoignage d’Arnaud Pugin l’illustre bien. Arnaud a fait le choix de mettre sa carrière entre parenthèses durant 18 mois pour s’occuper de ses jeunes enfants. L’annonce du retour au travail du papa a provoqué des réactions d’un autre temps. Ce qui a fait réagir Arnaud. Touché par son témoignage, j’ai eu envie de le partager. Pour continuer de contribuer à changer la donne sur la vision d’un papa présent et impliqué auprès de ses enfants. Voici le témoignage d’Arnaud.
Le retour au travail du papa
Aujourd’hui, septembre 2018, lorsque j’annonce à un membre de mon réseau que je suis de retour sur le marché de l’emploi depuis quelques semaines, après près de 18 mois à m’être occupé de mes enfants en bas âge, j’ai eu droit à cette réponse d’un autre temps : “Enfin : tu vas faire quelque chose de tes journées. Tu as du perdre le rythme du boulot quand même. Et ta femme démissionne ou elle a un ⅗ ? C’est bien pour vous ce retour à la normale.”
S’en est suivi un silence. Un long silence. Un très très long silence.
Mes pensées sont allées de “il a vraiment dit ça ? mais vraiment vraiment ?”, à “mais non, c’est ma surdité qui empire”, et jusqu’à “il veut faire une blague, je dois respecter son humour”…
Le choc passé, ce propos m’a interpellé sur plusieurs aspects :
•En 2018, s’occuper d’enfants, c’est toujours ne rien faire… pour certains.
•Une femme ne peut pas légitimement s’investir pour sa carrière à partir du moment où elle devient maman.
•S’occuper d’enfants ne contribue pas au développement personnel, et donc professionnel.
•Etre un papa investi n’est pas encore le standard en France.
S’occuper de ses enfants : un vrai choix
Donc, puisque j’ai manqué de réactivité (et peut-être de courage aussi : c’est une personne importante, avec plein de réseaux, et qui pourrait m’employer potentiellement), je souhaite ici partager les éléments de réponse que j’aurai dû sortir sur le champ :
•Cette personne a des enfants. Manifestement il ne s’est pas vraiment intéressé à ce que sa femme faisait quand ils étaient petits. S’occuper d’enfants est tout sauf du repos : nuits courtes, une attention constante et donc pas de répit, et surtout une pression autrement plus lourde que celle de rendre le texte hyper définitif au D.A. dans le délai fixé, ou que celle de l’ultimatum du cabinet d’études pour lancer la prochaine enquête quanti (pardon chers confrères : ce n’est en aucun cas un manque de considération de vos réalités, juste une nécessaire mise en perspective pour l’illustration de mon propos).
•Oui, ma femme et moi avons fait un choix -ô combien risqué de nos jours-, celui d’équilibrer notre contribution respective au développement de nos enfants. Risqué parce que souvent mal compris. Ma femme est compétente, sérieuse, et ambitieuse. Pourquoi devrait elle mettre en retrait ses aspirations professionnelle au profit des miennes ? Certes le congé paternité français n’est pas vraiment au niveau de celui d’autres pays plus avancés sur le sujet (même si l’enquête du début 2018 d’Histoires de Papas montre une envie de certaines entreprises de faire bouger les lignes), mais cela ne veut pas dire qu’on doit s’en contenter.
S’occuper de ses enfants = développer des compétences professionnelles
Pendant ces quelques mois, j’ai donc pu développer les capacités suivantes :
1/ Diplomatie/négociation : comment faire pour que la petite se recouche gentiment, sans biberon, et sans qu’elle hurle puisqu’elle est dans la même chambre que son frère, le tout sans élever la voix (puisque son frère dort dans la même pièce on vient de vous dire), ni faire les gros yeux (ça ne sert à rien dans le noir), ni procéder à un chantage, potentiellement efficace mais pas vraiment éducatif.
2/ Planification : optimiser tous les temps possibles, comme profiter de la sieste pour gérer les tâches ménagères non bruyantes, ou établir un moment de tri de mails importants en donnant le biberon du matin et du soir (ben oui, parce que s’épanouir dans la pouponnerie ne signifie pas non plus tout arrêter : on essaye de monter des projets, de garder une veille, d’animer les réseaux,…).
3/ Management/formation : obtenir que ces merveilleux bambins accomplissent des tâches de façon autonome et soient contents de la faire, tel que transformer le rangement des jouets en une course de vitesse et de précision, ou faire que les emplettes soient aussi un moment pour apprendre à compter (d’ailleurs, les carottes c’est bien : c’est pas grave si elles tombent et elles sont faciles à attraper avec leurs petites mains).
4/ Communication : savoir faire passer un message quand le niveau de langage de son interlocuteur est loin des standards habituels. Cela passe par beaucoup de patience, de reformulation, d’imagerie : “ma puce, les dents sont faites pour se nourrir, pas mordre ton frère. Comme le lapin : c’est pour les carottes. Non, tu ne mords pas ton frère. Non 1 fois, Non 2 fois, Non 3 fois : tu seras privée de cinéma l’année de tes 16 ans…”
5/ Créativité : “papa, pourquoi le ciel il est bleu ? – parce que si il était blanc, on ne verrait pas les nuages…” (c’est pas forcément vrai, mais pas sur qu’il comprenne cette reponse, probablement plus exacte au demeurant).
6/ Mais aussi abnégation, écoute, self-contrôle, remise en question, anticipation des besoins, contrôle qualité, satisfaction de la clientèle, résolutions de conflits, … Plein de bonnes choses pour être plus efficace, attentif, épanoui au travail.
Papa et travail : ou comment concilier job et vie privée ?
Je ne suis pas un papa parfait (bien au contraire diraient mes rejetons). Ni exceptionnel. Juste investi dans un rôle qui me défini grandement. Nous sommes de plus en plus nombreux dans ce cas là (et des sites comme Histoires de Papas ou lepaternel.com existent pour tous ces papas :). Sans doute la démonstration que cela contribue à améliorer l’équilibre personnel et le développement de chacun, et donc des relations humaines dans leur globalité.
Tout ceci n’est ni nouveau, ni rare, mais il est vrai que ces derniers mois passés avec ces charmants marmots ont été riches de sens et d’enseignements, et que même la bêtise crasse de certains ou l’incompréhension d’autres ne me feront pas regretter ces moments souvent merveilleux, parfois compliqués, toujours uniques.
Maintenant que cette période se termine avec un sentiment d’accomplissement personnel, j’ai TRÈS envie de retrouver la stimulation d’une activité professionnelle épanouissante, de projets ambitieux, et de relations humaines (parler avec des adultes m’a manqué à un moment…).
Tout ça n’est pas un coup de gueule. Juste la manifestation d’une très grande surprise. Je veux croire que ce genre de bourricot a tendance à disparaître au profit d’une plus grande clairvoyance à l’égard de la conciliation « vie privée-vie professionnelle ».
NB : je m’en voudrais de ne pas citer ici un ancien N+1, qui me manifesta son soutien, en déclarant à la naissance de mon premier fils : « ce n’est pas toi qui va avoir un enfant, c’est ta femme… ».
Et vous, que pensez-vous de l’histoire d’Arnaud et de son retour au travail de papa ?
Positivons, partageons et commentons ci dessous !
J’attend la naissance de mon premier enfant
Un petit garçon 🙂 c’est pour ce mois
J’ai évidemment parler du congés parental a mon employeur qui s’est montré très compréhensif
J’avoue tout de même trouver sa court 11 jours j’ai peur d’avoir le blues au moment de reprendre le travail même si j’ai la chance de rentrer chez moi le midi et ne pas finir le travail très tard
Evidemment j’ai peur de rater des moments comme son premier sourire ,ses premiers pas, ses premiers mots
Je ne peux que comprendre ce choix car il y a des moments que l’argent n’achète pas
Merci pour ce blog que je consulte régulièrement même si c’est mon premier commentaire
Ma femme consulte beaucoup de forum « entre maman » et c’est bien qu’on puisse le faire aussi
Merci Yann pour votre message !
Tout d’abord, toutes mes félicitations pour votre futur 1er enfant, une nouvelle page de vie s’ouvre à vous !
N’hésitez pas à consulter la page dédiée aux nouveaux papas, je suis sur que vous y trouverez des infos pratiques : https://histoiresdepapas.com/papa-debutant/
Et je ne vais pas vous mentir, oui vous risquez de râter certains moments… C’est pas cool, mais c’est le cas de la très grande majorité des parents. Et vous allez aussi réussir à en vivre de nombreux qui feront votre bonheur !
Mon petit conseil : laissez de côté les moments que vous ne vivrez pas avec votre BB (vous ne pouvez faire autrement) et profitez à fond des moments que vous vivre avec lui (= se focaliser là où on a un impact plutôt que là où on ne peut rien faire).
Plein de bonheur à vous et n’hésitez pas à partager vos moments de jeune papa (ici ou sur le Facebook d’Histoires de papas !)