Pour la très grande majorité d’entre nous, faire l’école à la maison est une découverte. Avec son lot de moments funs… et beaucoup de galères ! Alors bien sur, l’ensemble des enseignants, quel que soit le niveau, est mobilisé. Ils accompagnent, comme ils peuvent, parfois trop et parfois pas assez, les parents pour prendre leur suite. Et souvent, de nombreuses tensions familiales explosent durant ces moments de scolarité à la maison, tant la situation est nouvelle.
Pourtant, tout ceci n’est pas du tout une nouveauté pour des milliers de familles. Ces familles pratiquent l’Instruction en Famille (ou le unschooling) depuis des années. Ils ont ainsi pu tester, expérimenter et affiner leurs pratiques. J’ai trouvé intéressant de les interroger afin qu’ils partagent leurs astuces. Deux papas, Ronan & Olivier, et une Maman, Cécile, ont bien voulu répondre à mes questions. Afin que, peut être, l’école à la maison soit un peu plus douce…
Instaurer un rythme quotidien
Donner un rythme quotidien, des rituels, une organisation est une des clés de l’école à la maison. Cela structure petits et grands. Cela donne du rythme, chacun sait où il va. Et c’est finalement aussi rassurant pour les enfants que pour les parents. Pour Olivier, comme pour Ronan, « le matin est consacré aux matières comme les maths, l’écriture et la lecture. Et les après-midi aux activités culturelles et/ ou sportives ». Et comme dans beaucoup de familles, la journée se termine par une session de lecture.
Ronan précise : « Ce rythme peut varier bien entendu, on s’adapte aux événements qui peuvent survenir. Mais c’est le rythme qu’on a trouvé et qui nous convient. ». Même son de cloche chez Olivier : « le rythme peut tout de même changer en fonction des envies de l’enfant. Un enfant apprend, comprend et retient mieux quand il a envie. » Cécile partage la même idée : « Tout dépend des besoins et du fonctionnement de l’enfant (scolaire ludique visuel audio manipulation tous n’apprennent pas pareil).
Profiter du jeu pour apprendre
De nombreux spécialistes défendent ce que pratiquent les familles ne scolarisant pas leurs enfants : on apprend mieux en jouant. Le modèle du professeur qui descend son savoir à des apprenants passifs amène de nombreuses limites d’efficacité.
Faire l’école à la maison est une opportunité pour apprendre différemment. C’est tout à fait la philosophie de Ronan. « Jouer avec les enfants est une activité facile et ce n’est pas parce que c’est un jeu qu’il n’y a rien à apprendre. Faire de la cuisine est une autre activité possible, tout dépend de l’âge des enfants bien sûr. Il faut que les parents fassent preuve de patience, laisser les enfants expérimenter et les écouter surtout. C’est ça le unschooling. Pour notre fille qui apprend à lire, je lui fais lire le texte dans tout ce qu’on utilise quotidiennement par exemple ou je lui fais faire de petits calculs. »
Pour Olivier, c’est la même chose. « Autant en profitez pour lire avec son enfant, découvrir des choses qu’il fait moins à l’école, un musée ou une exposition en virtuel, ou la découverte de métiers … ». Enfin, Cécile précise : « En IEF il faut developper la curiosité et la debrouillardise ! Et chercher ce qui nous plait pour apprendre et instruire. On peut apprendre les maths en faisant la cuisine ou en jouant à des jeux ».
Développer l’autonomie des enfants
Il y a tout de même deux difficultés dans le fait de faire l’école à la maison à ses enfants. Le job des parents n’est pas forcément prof. Et donc on n’a pas forcément les compétences ! De plus, c’est une activité très chronophage. Et quand certains parents travaillent (en télé travail ou sur site), cela peut vite devenir chronophage… et source de tensions ! Mais faire l’école à la maison ne signifie pas forcément d’être de façon permanente avec son enfant.
« Si l’enfant sait lire, la lecture est le plus simple en automomie. Le dessin se pratique également bien en autonomie. Et pourquoi ne pas en profiter pour découvrir un artiste et proposer un atelier autour de ce peintre, la revue Dada ou O lalar peut aider à cela. » indique Olivier.
De son côté, Ronan en profite pour partager quelques astuces que l’on peut pratiquer grâce au quotidien. « Nos enfants font des activités en autonomie et dès que cela les passionne elles peuvent être occupées un bon moment. Leur dire « va jouer » ou « trouve un truc à faire » ne fonctionne clairement pas. On n’apprend pas aux enfants à s’ennuyer. On peut donner des « responsabilités » aux enfants, leur donner une tâche bien précise à faire, ça nous aide et ça les valorise. En leur expliquant que ça nous aiderai à finir plus vite et donc venir faire une activité plus vite avec eux, ils sont généralement partants. »
Eviter les écrans… ou mieux en choisir le contenu
On connait depuis quelques années les conséquences de l’exposition des enfants aux écrans, que ce soit en terme de développement ou de sociabilisation.
Mais durant cette période de confinement, n’y a t-il pas un juste équilibre à trouver ? C’est oui pour Olivier ! « Pour changer et pour permettre de souffler les parents, on peut regarder la télévision en apprenant des choses. Il y a des dessins animés qui le permettent, Les Story boat ou les frères Kratt accessibles sur Netflix, ou alors les bus magiques ou encore évidement des documentaires comme Les « C’est pas sorcier ». »
La réponse est plus nuancée pour Ronan. « Nous n’avons pas de télé chez nous, nous n’en avions pas non plus dans le camping car. Mais on a bien noté que nos filles étaient bien plus énervées si jamais elles restaient devant un écran (téléphone ou tablette), même seulement 5 min. On réserve finalement les écrans en dernier recours le soir avant le repas pour nous laisser un temps de pause. »
Et les parents dans tout ça ? Quelques conseils
On a donc pu voir que faire l’école aux enfants pouvait finalement être source de découverte et d’apprentissage différent. Mais n’oublions pas que pour les parents, c’est un sacré challenge à relever.
Et tout comme il est essentiel de prendre soin du couple pour prendre soin des enfants durant le confinement, il est tout aussi important pour les parents de se préserver dans ce nouveau rythme d’école à la maison. Et pour cela, ne pas hésiter à aller chercher des ressources sur le web. « On peut consulter des blogs et vlog de familles IEF (NDRL : Instruction en Famille) qui sont actives sur le net. Il existe également des ressources en ligne où il suffit de taper l’âge de l’enfant. Enfin, il y a aussi pas mal de ressources partagées sur les reseaux type pinteret ou sur les blogs de profs qui partagent des mémos, des exercices pour le soutien scolaire » précise Cécile.
Et si finalement, faire l’école à la maison permettait de renforcer la relation avec ses enfants ? « Profiter de ce moment pour créer du lien avec eux. Utiliser les jeux de société qui sont une bonne solution. Ne pas avoir peur de faire des jeux différents du monopoly ou docteur maboul, mais aller vers des jeux Djeco ou Haba plus sympas et pas si compliqués. Ou créer des moments d’échanges autour de la lecture, chacun raconte (et lit un extrait attention au choix de l’extrait) de ce qu’il lit. » Voilà plusieurs conseils de la part d’Olivier.
Cécile se veut rassurante envers les parents qui découvrent l’école à la maison. « Les parents ont plus de compétences qu’on leur a bien fait croire. C’est en essayant qu’on apprend …les familles IEF ont testé pleins de trucs avant de trouver leur fonctionnement actuel donc qu’ils n’aient pas peur d’essayer tout simplement ! ». Cécile précise également que l’essentiel est dans la démarche, plus que dans le résultat. « Transmettre aux enfants de ne pas s’arrêter devant une difficulté. Leur apprendre à faire de son mieux, que même si l’enfant ne maitrise pas sa leçon, il aura acquis des réflexes qui lui serviront toute sa vie face à une difficulté ».
Pour Ronan, cette période amène à interroger notre rôle de parent. « On en revient au but premier des parents, s’occuper de nos enfants. Je suis heureux de passer mes journées avec mes filles mais c’est sûr que ce n’est pas drôle et facile tous les jours. Il faudra aux parents une bonne (énorme) dose de patience, d’empathie et de self-control. Il faut parler aux enfants et surtout les écouter. Quand je dis parler, c’est exprimer ses sentiments, nous sommes parents mais surtout des êtres humains. On a aussi le droit de dire quand ça ne va pas, les enfants peuvent tout à fait comprendre ». Et Ronan de conclure : « Cette situation est vraiment compliquée, on met une pression énorme sur les parents qui sont obligés de travailler chez eux et sont aussi obligés de s’occuper de leurs enfants en même temps… Les parents vont devoir apprendre le lacher prise. Et Il faut oser leur faire confiance ».
Et vous ? Quelles sont vos astuces pour pratiquer l’école à la maison ?
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