« Léa range tes jouets, c’est l’heure du bain » …
Une petite phrase banale en apparence qui peut pourtant déclencher des pleurs, des cris et des colères. Une petite phrase banale comme tant d’autres (« Mets tes chaussures », « Va te brosser les dents », « C’est l’heure de dormir », « Non pas de bonbon aujourd’hui », …)
Chaque papa, chaque maman a vécu de nombreuses fois ces situations qui tournent mal et que chacun souhaiterait ne plus vivre.
Comment réagir face à une crise de votre enfant ? Que répondre à un refus d’obéir ? Comment agir pour que tout se passe bien ?
Le réflexe peut être la punition, héritage d’une éducation que l’on a connu depuis des siècles. Et s’il existait des alternatives à la punition ? Je vous partage ci-dessous mes conseils et astuces pour un quotidien plus apaisé.
Anticiper, préparer et cadrer les situations « à risque »
Comment faire pour que les courses au supermarché ne se terminent inévitablement en séance de pleurs avec votre petit de 3 ans ? Il faut éviter les situations à problème …. Ce n’est pas une super astuce me direz-vous ! Et pourtant …
Pour que les choses se passent mieux, il suffit souvent d’observer votre enfant, de prendre le temps d’essayer de le comprendre. Il faut également analyser le cadre dans lequel les crises et colères se déroulent. Reporter les courses à un autre jour si votre enfant n’a pas fait sa sieste aujourd’hui. Privilégier les activités à concentration le dimanche après-midi plutôt que le vendredi soir lorsque votre petit est aussi fatigué de sa semaine que vous. Eviter les magasins de décoration lorsque votre petit dernier est en pleine période de « touche à tout ». Ce n’est certes pas aux parents à adapter leur mode de vie aux enfants mais un minimum d’empathie est nécessaire. A l’inverse, apprécieriez-vous de devoir trainer 1h dans un magasin sans rien toucher après une longue journée de réunions et de stress ?
Malheureusement, toutes les situations « à problème » ne peuvent pas être évitées (et en même temps, cela fait aussi partie de l’apprentissage de la vie). Dans ce cas, il est important de bien « préparer » votre enfant : lui expliquer ce qu’il va se passer « nous allons faire quelques courses, je sais que tu n’aimes pas ça et que tu es fatigué mais je vais faire vite et je ferai le reste plus tard ». Il est également important de cadrer chaque sortie, chaque activité « nous allons dans un magasin, tu n’as pas le droit de toucher aux produits, ni de courir dans les rayons ». Sans oublier de donner des alternatives «si tu veux, tu pourras monter dans le siège du chariot ou m’aider à choisir les tomates ». Et en plus d’être une alternative, c’est une solution qui permet de développer l’autonomie.
Lorsque vous savez qu’une situation a de fortes chances de virer à la crise, il ne faut pas hésiter à devancer le problème. Prévenez votre enfant et laissez-lui le temps de se préparer « Léa, je te laisse terminer d’habiller ta poupée et ensuite tu devras ranger tes jouets car dans 10mn ce sera l’heure du bain ».
Comment réagir face à un mauvais comportement ?
Vous vous en doutiez, comme chaque soir, le coucher a viré à la crise. Pourtant vous aviez cadré les choses, essayé de devancer les problèmes en prévenant votre enfant. Mais rien n’y fait, comme chaque soir votre enfant pleure, se lève, refuse de dormir.
Les sorties de bain se transforment quotidiennement en séance de pleurs ? Vous appréhendez d’emmener votre enfant à la bibliothèque car à chaque fois il crie et jette les livres par terre ? Comment réagir quand les précautions prises en amont ne suffisent pas ? Quelles sont les alternatives à la punition possible ?
Dans un premier temps il est important d’énoncer simplement et sans animosité ce qui se passe. « Je vois un petit garçon qui est fatigué mais qui refuse de dormir alors qu’il est tard». Mettre des mots sur des cris ou des pleurs permet aux plus jeunes de prendre conscience de leur agissement et de mettre en évidence certaines incohérences (« tu es fatigué mais tu refuses de dormir »). Vous pouvez également exprimer votre ressenti face à cette situation pour que votre enfant comprenne en quoi son comportement pose problème. « Je suis triste parce que si tu ne dors pas maintenant ton réveil va être difficile demain matin. En plus je suis fâché parce que j’aimerais rejoindre papa qui m’attend pour manger ». N’oublions pas que la communication est une des clé pour une relation familiale harmonieuse…
Dès les faits et émotions posés, il est important de rappeler le cadre et les conséquences lorsque la règle n’est pas respectée (même au bout du 343ème coucher … l’éducation est un sport de répétition !). « Quand il y a école, tu dois aller au lit à 19h30 et dès que papa a terminé de te lire une histoire, nous éteignons la lumière et tu dois rester calmement dans ton lit pour trouver le sommeil ». « Si tu refuses de dormir et que tu te lèves après que j’ai éteint la lumière, nous allons nous fâcher, tu seras fatigué demain matin au réveil et tu passeras une mauvaise journée. » « Si tu continues de crier et jeter les livres par terre, nous allons devoir sortir de la bibliothèque pour ne pas déranger les autres personnes et nous n’aurons pas de livre pour te lire des histoires ».
Il également important de donner une « porte de sortie » à votre enfant, que ce soit par le retour au calme ou par une alternative au problème (solution qui devient alors également une alternative à la punition). « Non, tu ne peux pas jouer avec la balle de tennis dans la maison mais avec cette balle en mousse tu peux ». « Je comprends que tu sois en colère, veux-tu boire un verre d’eau ? ».
Il peut être aussi utile d’associer votre fils/fille à la recherche de solution. Les enfants sont en permanence dans un rôle d’apprenant et inverser les rôles en le positionnant en tant que « décideur », « trouveur de solution » peut le valoriser et lui donner l’envie d’agir correctement. « Comment pourrait-on faire pour que tu restes dans ton lit une fois la lumière éteinte ? » « Est-ce que tu penses que si je te donne le petit canard pour jouer pendant que je t’essuie tu ne pleureras pas en sortant du bain ? » «On emmène doudou à la bibliothèque et tu voudras bien lui expliquer qu’il ne faut pas crier ni jeter les livres ? ». Intégrer directement son enfant dans la recherche de son amélioration est une des bonnes alternatives à la punition.
La punition est-elle la solution unique ?
Malgré ce que pourrait laisser penser l’expression « sage comme une image », les enfants ne sont que des humains ! Malgré toutes les précautions prises en amont, malgré votre bienveillance et la bonne attitude que vous avez adoptée face à son comportement, il fait et fera des bêtises.
Plusieurs bêtises, de nombreuses bêtises, souvent les mêmes bêtises, encore et toujours des bêtises (courage !) … Comment réagir face aux erreurs de vos enfants ? Passer son temps à dire « non », Répression, sanction, punition, isolement, laisser couler ou alternatives à la punition ?
Les punitions ont longtemps été la réaction « normale » d’un parent face aux mauvais comportements de son enfant. On sait cependant désormais que les punitions n’ont pas que du bon. Face aux punitions, certains enfants peuvent ressentir un sentiment d’injustice, d’humiliation, une perte d’estime de soi, du stress. Toutes ces émotions ont un impact négatif sur la santé mentale en pleine construction de ces futurs adultes. De plus, face aux sanctions et réprimandes, certains enfants vont avoir recours à la dissimulation et au mensonge pour ne pas être punis. A force, cela pourrait devenir des attitudes réflexes et habituelles.
Pour être « efficace », une punition ne devrait être ni sévère ni trop légère, systématique mais pas trop fréquente, immédiate mais pas publique … en résumé une punition « idéale » serait très compliquée à mettre en place au supermarché, à chaque crise du soir, dans la cour de récréation, au parc de jeux, etc … D’où la pertinence des alternatives à la punition !
Faut-il donc laisser un mauvais comportement sans suite ? Il faut tout d’abord comprendre qu’un enfant avant 2 ans ne fait pas de caprice. En effet, un tout petit est juste un réservoir d’émotions qui peut parfois déborder sous forme de pleurs, de cris, de mauvais gestes. Cependant aucun enfant avant 2 ans n’adopte un comportement particulier dans le but d’obtenir quelque chose.
Au lieu d’une simple sanction stérile, des alternatives à la punition constructives sont possibles. La réparation permet aux enfants de mesurer la portée de leurs actes : « tu as renversé ton verre de lait, il faut que tu essuies la table sinon ça va coller ». Montrez à votre enfant comment compenser ses actes : « tu as bousculé ta petite sœur, peux-tu d’excuser auprès d’elle et la rassurer ? »
Il faut laisser aux enfants le temps de sortir de leur crise et ne pas hésiter à revenir «à froid » sur les faits. Au moment du coucher par exemple, pourquoi ne pas évoquer calmement avec votre enfant la bêtise qu’il a faite dans la journée, lui donner l’occasion de reconnaître son erreur et décrypter ensemble comment faire pour que cela ne se reproduise plus. « Je t’ai senti très en colère ce soir. Est-ce que tu penses que c’est bien de jeter ton assiette comme tu l’as fait ? Si tu n’aimes pas les épinards, est-ce que ça serait mieux si on les mangeait avec des pommes de terre ? ».
L’important dans « l’après » est de faire prendre conscience à l’enfant qu’il a commis une erreur, qu’elles en ont été les conséquences et de l’aider à trouver le chemin qui lui permettra de ne pas la reproduire.
Les alternatives à la punition
Il existe quelques astuces alternatives à la punition permettant d’enrayer des colères ou pleurs qui peuvent, peut-être, fonctionner sur votre enfant (ce ne sont malheureusement pas des remèdes miracles… d’où le « peut-être » !).
Comme nous l’avons vu plus haut, le meilleur moyen de diminuer les cris, larmes et crises de votre chère petite tête blonde (ou brune ou toute autre couleur d’ailleurs !) est d’agir en amont par la parole, la compréhension, les explications, la responsabilisation. Quelques autres astuces peuvent également vous être d’un grand secours en pleine tornade :
- Le câlin ! Vous vous dites peut-être que récompenser un enfant qui fait une colère par un câlin n’est pas une très bonne idée. Cependant, l’amour n’est jamais une récompense, c’est un terreau pour faire grandir votre enfant. Le contact physique (que ce soit chez l’adulte ou chez l’enfant) déclenche une production d’ocytocine et d’endorphines (hormones du bien-être) et aide à s’apaiser instantanément. Le câlin ne doit pas être imposé mais proposé. « Je vois que tu es très en colère, veux-tu que je te serre dans mes bras pour t’aider à te calmer ? ».
- Des petites astuces permettent également aux enfants de décharger les tensions qu’ils abritent. Puisqu’ils sont incapables de parler, crier, se défouler, les tout-petits n’ont qu’une seule possibilité pour évacuer leur stress, leur détresse, leur tristesse : les pleurs. Il est parfois bon de laisser votre nouveau-né pleurer tout en étant à ses côtés pour le rassurer. Si votre bébé pleure alors qu’il est propre, qu’il a mangé, que tout est ok et qu’il est dans vos bras, laissez-le pleurer pour se décharger tout en le cajolant ; cela lui permet d’évacuer les sensations négatives qu’il a ressenti. Pour les plus grands les moyens de se décharger sont plus nombreux.
- Le sport est un formidable exutoire. Courir, sauter, danser, transpirer, permet d’évacuer, de se défouler et de ressentir une « bonne fatigue » qui apporte sérénité et apaisement
- Pour nombre d’entre nous, le chant (dans sa voiture, au sein d’une chorale ou d’un groupe de musique) aide à « se vider la tête ». Pour les plus jeunes, le chant peut également être source de défoulement et donc de bien-être …tout comme les cris. Et pourquoi ne pas organiser des séances de cris avec ses enfants (en choisissant l’endroit bien sur !) : concours du cri le plus aigu ou le plus long dans la voiture (fenêtres fermées bien sûr !) ou dans les champs. Et c’est une bonne partie de rigolade et la détente assurée pour les heures qui suivent.
- De régulières séances de « guili » sont également un formidable défouloir pour les enfants … les enfants adorent les chatouilles et rire jusqu’à en pleurer permet d’exorciser certaines angoisses et autres émotions
- Pour les enfants qui ont tendance à dire des gros mots malgré les remontrances de leurs parents, pourquoi ne pas organiser une séance de gros mots. Autoriser les gros mots pendant 10mn dans un cadre défini permet aux petits filous de pouvoir prononcer ces mots qu’ils entendent et de diminuer le pouvoir « excitant » de ces mots interdits. Prenez un sac en papier, installez-vous avec votre enfant et expliquez lui bien les règles : chacun dit un gros mot de son choix dans le sac à papier, chacun son tour, pendant le temps du minuteur (5 à 10mn sont suffisantes) et ensuite on jette ce sac plein de vilains mots qu’on n’a plus le droit de redire une fois le sac jeté.
- Les dessins constituent un très bon moyen d’évacuer les émotions pour nombre d’enfants. N’hésitez à proposer de faire un dessin à votre enfant lorsqu’il a vécu une mauvaise journée à l’école ou quand il est frustré parce qu’il voudrait un jouet qu’il ne peut pas obtenir. Dessiner la bagarre qu’il a vue à l’école permet d’engager la conversation. Un dessin du jouet convoité qu’on accroche sur le frigo permet d’apprendre la patience et de mieux apprécier encore le plaisir de l’obtenir plus tard.
- De nombreuses positions ou exercices de yoga sont adaptés aux plus jeunes (posture de la tortue, exercice de l’arbre dans le vent, la vague, …). La méditation pour enfant est également une solution qui permet d’apporter sérénité à votre enfant par ce biais.
- L’humour peut également être un bon moyen pour faire retomber la pression (c’est d’ailleurs exactement la technique utilisée par Olivier de Benoist & Dany Mauro). Un enfant qui propose sa place dans le bus à une personne âgée et obtient en retour une réponse agressive du type « non c’est bon, je peux rester debout, occupe-toi de tes affaires » se sentira blessé. De longues paroles ne permettront pas d’expliquer une telle bêtise et cette méchanceté gratuite. Alors qu’une petite phrase humoristique de votre part peut suffire à dédramatiser la situation et ôter tout sentiment négatif au fond de votre enfant. « Oh dis donc il n’a pas l’air de bonne humeur ce monsieur … peut-être que si on lui mettait un nez rouge, un chapeau jaune et des chaussettes rose fluo il serait plus sympathique ! ». Et hop, de bonnes vannes comme des alternatives à la punition !
- Dernière astuce pour aider votre enfant à gérer ses angoisses et son stress c’est de déstressez-vous-même ! Ne chercher pas à avoir un enfant parfait dans une vie idéale. Oui votre enfant fait et fera des bêtises, oui vous serez en retard comme tous les matins, etc … mais l’essentiel est ailleurs !
Et vous ? Avez-vous des astuces à partager pour des alternatives à la punition ?
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